Alors que la transition énergétique bat son plein à l’échelle mondiale, le Maroc reste à la traîne en matière de véhicules électriques (VE). Le constat est du quotidien L’Économiste dans son édition du mardi 24 juin. En 2025, ces derniers ne représentent que 0,4% du parc automobile national. Une proportion infime comparée à la dynamique européenne où, selon les dernières données, 17% des ventes de voitures neuves sont désormais électriques. À titre d’exemple, au Danemark, la part des VE dans le parc total atteint 42,2%.
«Le retard marocain s’explique par une combinaison de facteurs structurels et culturels», explique L’Économiste. Parmi les principaux freins identifiés par les experts, figurent le manque criant d’infrastructures de recharge, l’absence d’une politique incitative forte, le coût encore élevé des modèles électriques, ainsi que les inquiétudes liées à l’autonomie des batteries. À cela s’ajoute une faible sensibilisation du grand public aux enjeux climatiques, aux émissions de CO₂ et à la qualité de l’air.
Un constat corroboré par le baromètre de la mobilité réalisé par Ipsos pour le compte du groupe Arval. Ainsi, 62% des personnes interrogées considèrent l’insuffisance des bornes de recharge comme le principal obstacle à l’adoption des VE. «Le développement des véhicules électriques a été plus rapide que celui des infrastructures, y compris en Europe», souligne Adil Bennani, vice-président de l’Association des importateurs de véhicules neufs au Maroc (AIVAM), cité par L’Économiste. Une situation qui limite fortement l’essor du marché.
Dans ce contexte, les motorisations hybrides connaissent une adoption plus rapide que les modèles 100% électriques. «Le marché de l’hybride progresse de manière significative, contrairement à l’électrique qui peine à s’imposer», observe Yves Peyrot des Gachons, directeur général de Stellantis Maroc, également cité par le quotidien. En parallèle, les motorisations thermiques, et notamment les moteurs diesel, continuent de dominer le parc roulant.
Aujourd’hui, plus de 70% des véhicules en circulation au Maroc fonctionnent au diesel, principalement en raison du coût relativement bas du gasoil à la pompe, et de sa consommation inférieure à celle de l’essence. Une situation qui pourrait perdurer, sauf si l’État revoit en profondeur sa politique fiscale. «La TIC (Taxe intérieure de consommation) favorise encore largement le diesel. Il revient aux pouvoirs publics de décider s’ils souhaitent maintenir, freiner ou inverser cette tendance», note le DG de Stellantis Maroc.
Le Royaume affiche des ambitions claires en matière de mobilité propre. Le gouvernement vise un objectif de 100.000 véhicules électriques en circulation à l’horizon 2027. Plusieurs marques, y compris Tesla, se positionnent d’ores et déjà sur ce marché en devenir. Cependant, pour que cette ambition se concrétise, des mesures incitatives s’avèrent indispensables: subventions à l’achat, exonérations fiscales, développement massif du réseau de recharge, campagnes de sensibilisation… Autant de leviers sans lesquels la mutation du parc automobile marocain vers l’électrique risque de rester au stade de l’intention.