Le nouveau film de Barmak Akram nous entraîne dans un Kaboul qu’on ne connaît pas, qui ne ressemble en rien aux images qu’on en véhicule dans les médias. Une grande ville comme une autre dont on pénètre les rêves, les amours qui s’y tissent, des amours comme les autres. C’est du moins ce qu’il semble au spectateur, au moment où il rencontre la belle innocente Wajma, étudiante en droit, qui tombe peu à peu amoureuse de Mustapha, un jeune serveur qui la courtisera avec autant de patience que de talent et auquel elle finira par céder. Et, comme les images des champs de bataille refluent de temps en temps sur l’écran pour nous rappeler à une réalité occultée du quotidien de cette métropole, la réalité rattrapera, d’autant plus violente qu’inattendue, la douce Wajma et... le spectateur. L’histoire bascule, rompt avec la douceur et la fraîcheur dans lesquelles elle était drapée pour sombrer dans la tourmente.
Le réalisateur de L’Enfant de Kaboul revient donc avec un nouveau chef-d’œuvre tout aussi saisissant. Une œuvre qui vous empoigne littéralement, vous bouscule aux frontières du réel, entre l’amour, condamné à la fiction, et un monde terriblement négateur. Des frontières que Barmak Akram brouille sciemment, notamment en élaborant une fiction portée par des acteurs qui garderont leur vrai nom dans cette tragédie. Un hommage aux femmes dont on ne ressort pas indemnes. Un film, aussi prenant qu'intelligent, où l'amour bascule dans le tragique mais où, aussi, la tragédie laisse place, finalement, à l'émerveillement. D'une force et d'une beauté stupéfiantes, "Wajma, une fiancée afghane" a représenté l'Afghanistan aux Oscars 2014 dans la catégorie meilleur film en langue étrangère et connaît un beau succès, bien mérité.




