Morad El Khattouti El Horami est le premier artiste hispano-marocain à marquer un vrai changement dans la musique urbaine espagnole. Avec plus d’un million d’abonnés sur Instagram, Morad El Khattouti El Horami, jeune artiste hispano-marocain, fait de sa parcours une aventure humaine, en proposant des rythmes et paroles gratuites à des amis qui essaient de se faire une place dans le monde de la musique.
De son parcours unique, cet ex-SDF a su créer une marque commerciale spéciale, en popularisant l’acronyme MDLR (Mec de la rue). Son talent lui vaut des fans aussi bien dans les quartiers modestes comme le sien, celui de la Florida à l’Hospitalet situé à Barcelone, que dans les quartiers aisés, rapporte le quotidien El Pais.
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Des familles entières assistent à ses concerts, mais ses plus grands admirateurs sont des enfants, des adolescents et des jeunes. Pour ses fans, Morad est un artiste authentique, et ils voient en lui l’épopée des défavorisés et le cri de la rue.
Connu pour son style vestimentaire hors du commun, le jeune rappeur porte habituellement une casquette et un sac à main croisé à l’épaule, mais ce qui ne lui manque jamais est son survêtement. Pour Morad, le rêve serait d’assister à la cérémonie des Grammy Awards en survêtement.
Transgressant les règles de la normalité, l’histoire de Morad, SDF et jeune homme réservé, a su toucher le cœur de son public. Son image et sa notoriété traversent aujourd'hui les frontières: le jeune homme de 22 ans compte de plus en plus de fans en Europe, dont en France, au Portugal, en Italie et en Angleterre.
Pour ses admirateurs, il symbolise la victoire du «street boy», qui, avec ton talent et son travail, parvient à surmonter l’adversité et à toucher ses rêves du doigt. Mais pour ses détracteurs, Morad est un criminel à peine converti en musicien qui a profité de sa nouvelle identité artistique pour imposer sa loi, dans un quartier devenu lieu de pèlerinage et décor de plein air.
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Son premier single «Lo que quiera» («Que voulez-vous»), sorti le 16 janvier 2019, fait sensation, dépassant les onze millions de vues sur YouTube.
Cette première chanson marque le grand bond du début de sa carrière artistique. L’artiste d’origine marocaine raconte, à travers les paroles de ce son, écrites par lui-même, les difficultés de la vie, le trafic de drogue, et dénonce les violences policières et le racisme institutionnel.
«La police pense que je suis contre eux, mais non. Je suis contre ceux qui sont mauvais. Je chante ce que mes amis et moi avons vécu en famille. En Espagne, la musique est gratuite», a expliqué Morad dans l'une de ses très rares interviews, à un présentateur de radio locale.
El Pais explique que le jeune rappeur a déjà écrit 65 chansons (pratiquement une par mois), avec une méthode assez particulière. «Quand il est inspiré, il va au studio, choisit le son, écrit les paroles sur le bloc-notes du mobile et enregistre», raconte son manager.
Autre pilier de son succès, ses vidéoclips hyperréalistes, où il allie spontanéité et créativité.
Dans l’urbanisme dévastateur, le méli-mélo ethnique, et la présence provocante de jeunes à la fois redoutés et ignorés, sa scène éternelle de tournage est la banlieue de Blocs Florida, œuvre du régime franquiste où des bâtiments sont construits autour d’une place en ciment, et des habitats des gitans.
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Comme sa mère et ses amis, les enfants lui font part de ses faiblesses. Lors de son dernier concert au stade olympique de Barcelone, il a emmené les plus petits sur scène. Morad porte sa voix, sons et messages sur la scène artistique espagnole car, selon lui, «la musique dit tout». Il a aussi l’ambition d’accompagner les enfants célèbres de son quartier en les faisant apparaître dans ses vidéos.