Vidéo. 50 ans après: les pionniers de l’art marocain de retour à Jamâa El Fna

Le360

Dans le cadre exceptionnel de l’ancienne agence Bank Al-Maghrib, se tient du 22 au 28 décembre, l’exposition historique «Retour à Jamâa El Fna, 50 ans après», organisée par La Compagnie Marocaine des Œuvres et Objets d’Art (CMOOA), et qui se soldera par une vente aux enchères le samedi 29 décembre.

Le 24/12/2018 à 12h52

C’est une sélection artistique exceptionnelle qu’abrite la coupole boisée de l’ancienne agence Bank Al Maghrib, ce nouveau haut lieu de la culture situé au cœur de la place Jamâa El Fna. Réunies pour l’occasion, les œuvres de pionniers de l’art marocain et du mouvement «Ecole de Casablanca» dialoguent entre elles afin de faire revivre certains moments historiques et fondateurs à bien des égards de l'action culturelle au Maroc.

L’exposition et sa scénographie s’articulent dans un premier temps autour des travaux de Jilali Gharbaoui, Farid Belkahia, Mohamed Chebâa, Mohamed Hamidi et Mohamed Melehi, réalisés avant 1965. Puis, intervient la révolution graphique de la fin des années 1960 à laquelle adhérèrent Miloud Labied, Bachir Demnati, Mohammed Kacimi et d’autres artistes.

Présenté pour la première fois dans une exposition publique, un exceptionnel ensemble d’œuvres d’art de Mohamed Melehi donne à voir les premières recherches de l’artiste en Italie (en 1958) puis aux Etats-Unis (en 1962 et 1963). Pièce maîtresse de l’exposition, l’œuvre historique «La Flamme Palestinienne de 1976», figurant dans de nombreux ouvrages d’art et considérée comme l’un des plus importants symboles de résistance culturelle à l’occupation Israélienne.

Cette exposition présentera également deux œuvres datées de 1962 et 1974 de Mohamed Chebâa, qui gagne aussi depuis peu, la juste reconnaissance de ses engagements politiques, notamment pour la cause palestienne.

Réalisées entre 1958 et 1978, ces œuvres nous racontent du haut de leurs cimaises les premiers pas de ce Maroc post indépendance et retracent le parcours de l’avant-garde marocaine, de ces débuts jusqu’à son affirmation, à partir des années 1965, et enfin, la formation du mouvement «Ecole de Casablanca» composé par trois pionniers aux noms à jamais indissociables, Melehi-Belkahia-Chebaâ, lequel s’élargira à d’autres talents à compter de 1969.

Historique mais surtout symbolique, cette exposition qui entend marcher dans les pas de ces pionniers de l’art revisite un évènement marquant de 1969. Cette année là, la première exposition manifeste qui inaugurera une prise de conscience collective des artistes marocains s’est en effet tenue dans l’espace public place Jamâa El Fna, en protestation à une politique culturelle jugée maladroite et inconsciente concernant la situation des arts plastiques au Maroc. Près de 50 ans plus tard, l’histoire se répète, avec beaucoup d’émotion, pour les artistes de retour sur la place.

Ces cinquante années d’écart entre deux manifestations artistiques au cœur de la place Jemâa El Fna ont été prolifiques, rythmées par la constitution de la l’AMAP (Association des artistes plasticiens marocains) et la publication de plusieurs manifestes, en 1972, 1974 et enfin 1978. Aujourd’hui, 50 ans après l'exposition historique de 1969, s’élève à nouveau la voix de ceux qui appellent à un changement culturel, et artistique, pour faire face aux enjeux de la mondialisation et de la globalisation.

Une prise de position militante et surtout, respectueuse de l’histoire moderne et contemporaine de l’art marocain face à une certaine vision de professionnels étrangers au Maroc.

Vente aux enchères «Retour à Jamâa El Fna, 50 ans après», samedi 29 décembre à 15h30A l'agence Bank Al Maghrib place Jemaa El Fna, Marrakech

Par Zineb Ibnouzahir
Le 24/12/2018 à 12h52