Loubna Abidar dans «Autisto»: «Pour casser les tabous au cinéma, il y a Nisrin Erradi, Lubna Azabal et moi»

Loubna Abidar, actrice. (S.Kadry/Le360)

À Tanger, Loubna Abidar réapparaît là où on l’attendait: dans un rôle à risque, porté par l’authenticité. «Autisto» célèbre moins l’audace que la vérité des êtres, et consacre le retour d’une actrice qui préfère la sincérité aux effets.

Le 25/10/2025 à 13h21

De retour sur la scène du cinéma marocain après dix ans d’absence, Loubna Abidar a marqué les esprits au Festival national du film de Tanger grâce à sa performance bouleversante dans «Autisto», réalisé par Jérôme Cohen-Olivar et produit par Zhor Fassi Fihri. Tourné à Casablanca et sélectionné en compétition officielle, le film a reçu un accueil particulièrement chaleureux du public tangérois. «Je suis très heureuse d’être ici, où “Autisto” est projeté en compétition officielle. C’est aussi mon retour au cinéma marocain après dix ans d’absence. Cela me conforte dans l’idée que mes efforts ont été récompensés», confie l’actrice, visiblement émue.

Un film sur l’amour avant tout

Dans «Autisto», Loubna Abidar incarne Malika, mère célibataire confrontée à l’autisme sévère de son fils, Adam. Un rôle intense, porté par une émotion maîtrisée et une grande justesse. «Ce film ne traite pas de l’autisme comme les autres: c’est l’histoire d’un enfant atteint d’un trouble profond, mais, avant tout, c’est une histoire d’amour entre une mère et son enfant», confie-t-elle.

Le film a touché le public. «Le film est magnifique, les acteurs ont été excellents, tous ont joué avec maestria. Le public de Tanger l’a beaucoup apprécié et m’a félicitée pour mon retour. Cette reconnaissance m’a donné un vrai élan: j’ai eu l’impression d’être déjà primée», raconte Abidar, le sourire aux lèvres.

«Ce n’est pas de l’audace, c’est de la sincérité»

Connue pour son franc-parler et des rôles souvent perçus comme audacieux, Loubna Abidar refuse pourtant cette étiquette. «Ce n’est pas de l’audace, c’est la transmission de la réalité», affirme-t-elle. «Un critique a dit que lorsqu’on parle d’audace, on parle de Loubna Abidar, et lorsqu’on parle de Loubna Abidar, on parle d’audace. Moi, je cherche surtout la sincérité et l’authenticité dans mon travail.»

Pour elle, l’audace au cinéma n’est pas une provocation, mais une exigence artistique. «Au Maroc, nous sommes trois à oser et à casser les tabous: Nisrine Erradi, Loubna Azabal et moi», souligne-t-elle, revendiquant une liberté créative indispensable à la vitalité du cinéma marocain.

Une nouvelle Loubna, plus mûre

Dix ans après «Much Loved», film qui a bouleversé sa vie et sa carrière, l’actrice revient avec une sérénité nouvelle. «Je suis une nouvelle Loubna, avec une autre façon de voir les choses, plus de maturité. J’espère que, cette fois, les gens ne seront pas injustes avec moi», confie-t-elle.

Elle n’oublie pas de rendre hommage à celle qui a rendu ce retour possible: «Je suis revenue au Maroc grâce à la réalisatrice et productrice Zhor Fassi Fihri, qui m’a découverte dans d’autres films français. C’est elle qui m’a redonné confiance et m’a offert ce rôle magnifique.»

Un cinéma marocain en pleine évolution

Au-delà de son propre parcours, Loubna Abidar salue la vitalité du cinéma national: «Les quinze longs métrages sélectionnés à Tanger témoignent de l’évolution du cinéma marocain». Avec «Autisto», elle confirme qu’elle demeure l’une des voix les plus singulières et courageuses du septième art marocain — une artiste entière, sincère, toujours prête à repousser les frontières du silence.

Par Said Kadry
Le 25/10/2025 à 13h21