«Jours d’été», le nouveau-né, un huis clos, du cinéaste Faouzi Bensaïdi

Le réalisateur Faouzi Bensaïdi.

Le réalisateur Faouzi Bensaïdi. . Adil Gadrouz / Le360

Le 14/11/2022 à 20h33

VidéoLe réalisateur Faouzi Bensaïdi vient de commettre un nouveau long-métrage. «Jours d’été», adapté de l’œuvre théâtrale «La Cerisaie» de l’écrivain et dramaturge russe Anton Tchekhov a été projeté en première mondiale, hier dimanche 13 novembre 2022, au Festival international du film de Marrakech. Interview.

Le film Jours d’été est le nouveau «bébé» du réalisateur marocain Faouzi Bensaïdi. Projeté hier, dimanche 13 novembre, dans la section Panorama du cinéma marocain durant le Festival international du film de Marrakech, ce long-métrage, qui succède à Volubilis, est un huis-clos qui réunit plusieurs acteurs marocains de haut niveau, comme Mouna Fettou, Nadia El Kounda, Said Bey, Mouhcine Malzi. 

Votre film «Jours d'été» est tiré de la pièce de théâtre «La Cerisaie» d'Anton Tchekhov. Pourquoi avoir choisi d'adapter cette œuvre en particulier?

Il y a mes dix ans de théâtre qui sont, si je peux dire, responsables, dans le bon sens, de cette histoire. J’ai grandi avec cette œuvre et elle fait partie des pièces que je voulais retrouver.

«Jours d'été» est né dans un atelier de direction d'acteurs. Vous parlez de volonté de continuer le geste... Quel geste?Vincent Melili de l’ESAV (Ecole supérieure des arts visuels de Marrakech) m’avait demandé d’animer un atelier sur la direction d’acteurs. Ce que je lui avais dit, c’était de faire venir de vrais acteurs pour que les étudiants voient de vrais acteurs travailler, sinon ils n’apprendraient pas. On s’est donc lancé dans l’aventure (avec la pièce «La Cerisaie» d'Anton Tchekhov, Ndlr).

Donc, ça a donné quelque chose, le fait qu’il n’y ait pas de but ultime. On ne travaillait pas pour faire une représentation, on travaillait pour l’œuvre elle-même. J’ai été replongé dans cette œuvre que j’aime beaucoup et je voyais que quelque chose prenait forme.

Et j’ai commencé à me dire qu’il faudrait peut-être chercher un producteur pour que le film voie le jour. Je n’avais pas envie de rester à attendre deux, trois ans pour recevoir les financements comme ça a été le cas pour mes autres films. Puis, heureusement que je suis tombé sur des producteurs, Rajaa Hassani et son équipe, qui ont eu ce courage d’investir de l’argent propre de la boîte.

C’est rare de trouver des producteurs qui veulent accompagner un cinéaste qui fait du cinéma d’auteur. Tout cela a permis que ce geste soit continu. On s’est ainsi retrouvé à Tanger à tourner, ça a duré trois semaines.

Le film tourne autour de la thématique de l'illusion, du mirage. Quel a été le cheminement de cette réflexion?C’est ce que l’œuvre de Tchekhov m’inspirait. C’est-à-dire qu’a un moment donné, j’étais dans un respect de sa pièce et dans la liberté aussi. Tout le début n’existait pas dans l’œuvre originale.

Le film se joue à huis clos. Quel a été pour vous l'enjeu dans la direction d’acteurs?C’était d’arriver à ce que les acteurs marocains d’aujourd’hui s’attaquent à des personnages du répertoire mondial qui ont été joués par tous les grands acteurs, comme Piccoli par exemple. L’occasion de montrer que nous avons des acteurs qui sont capables de jouer, avec autant de grandeur et de justesse, les mêmes personnages. Et nous n’avons pas à rougir de nos acteurs qui sont très fiers et qui ont offert une excellente interprétation du répertoire mondial.

Quel regard portez-vous sur l'évolution du cinéma marocain d’aujourd’hui?Je suis dans le respect des anciens. J’étais jeune moi aussi. Il faut accepter que la jeunesse soit un peu rebelle. J’accepte aussi qu’une nouvelle génération arrive et nous bouscule. J’aime beaucoup la jeunesse et sa dynamique, même lorsqu’elle est dans les excès.

Par Qods Chabaa et Adil Gadrouz
Le 14/11/2022 à 20h33