Exclusivité-Le360. EP3. Les bonnes feuilles de «Cloud cowboys», nouveau roman de Hicham Lasri

Hicham Lasri (Hamza Zidane)

Artiste conceptuel et écrivain reconnu, Hicham Lasri opère un retour fracassant avec un nouveau roman «Cloud cowboys» où il livre une vision incandescente et inoubliable d’un monde à l’agonie, où l’espoir est la dernière ressource. En exclusivité, Le360 en publie les bonnes feuilles au fil des épisodes.

Le 05/07/2025 à 10h09

Cloud Cowboys, nouveau roman de Hicham Lasri est l’histoire d’un monde à l’agonie. Une fable arabo-futuriste à la croisée de Mad Max et du mythe. Un roman où l’espoir, plus encore que l’eau, devient la ressource la plus rare.

La famille Vallenari, derniers Cloud Cowboys, dérive au-dessus des terres mortes à bord de la Beatle, machine colossale, conçue pour capturer la pluie. Leur quotidien déjà précaire, bascule lorsqu’un nuage contaminé, s’écrase à proximité libérant une toxine mystérieuse et mortelle.

Elle revoit les yeux de son mari derrière les mots et les chiffres. Ce monologue a gravé en elle une sorte de phobie de la chute des nuages. Cauchemar. Le monde a cessé d’être un paysage pour ne devenir qu’une pâte que pétrira un bâton de nuage. Même la phrase est compliquée à composer dans sa tête tellement les concepts et les perceptions sont nouveaux et terminaux. Prostration. Poitrine offerte et ventre avalé… Ne te laisse pas affaisser même si le monde est en affaissement. Elle se redresse avec un bruit de ressort comme un automate.

Quel con!

Elle essaie d’aller vérifier ce qui cloche avec le monstre métallique qui ronronne au cœur du Beatle, elle commence à paniquer et à se dire: et si cette fois elle ne savait pas régler le problème en appuyant sur un quelconque bouton ou en activant une quelconque manette? Angoisse. À gauche des machines, ses enfants doivent rouler par terre dans leur sommeil, elle n’entend pas les pleurs cette fois. Elle ne sait si elle doit être rassurée ou angoissée. Le grondement se fait de plus en plus sinistre, un terrible craquement se fait entendre, elle lève les yeux vers les nuages. Non. Elle voit un éclair qui surgit des nuages comme une langue tirée par un enfant taquin. Galère. Surtout pas ça! Quel mauvais signe, les nuages se préparent à changer de forme dans un sens ou dans l’autre. Se solidifier ou revenir à un état gazeux plus insaisissable.

Quel con!

La maman se dirige vers le filin qui commence à craquer, elle doit donner du leste pour ne pas faire casser le filin qui retient le tapis de nuages. Elle fait jouer la manette. Gratte la jauge comme pour supplier l’aiguille de baisser de prétention, de lui donner un chiffre moins angoissant, moins vertigineux. L’aiguille ne bouge pas, accrochée à ce niveau de tension effrayant. Rouge.

Quel con! Il est où quand on a besoin de lui?

Tous les chemins mènent au cordon ombilical.

Elle pense à l’échange anodin qu’elle a eu avec Nora allongée par terre avec ses crayons de couleur tandis que Sami menait de main de maître un tournoi de gladiateurs entre ses dinosaures en plastique…

— Tes nuages ont des visages?

— Ils ont des visages parce qu’ils sont en vie… s’ils n’étaient pas vivants, ils ne pourraient pas bouger…

— Pourquoi il y en a un qui fait la tête?

— Il est triste, les autres nuages l’ignorent et ne jouent pas avec lui… c’est pourquoi il est fâché!

— Il est où papa?

Par Le360
Le 05/07/2025 à 10h09