L’affaire avait fait grand bruit ces dernières semaines déclenchant une polémique mais surtout un grand malaise dans le milieu des arts. Une œuvre attribuée à tort à Mounir Fatmi avait été adjugée à 65.000 dirhams lors d’une vente aux enchères organisée, le 30 mai dernier, par la CMOOA. "Composition", une gouache sur papier 57cm/39, déniché par ses propriétaires dans une brocante, s'est avérée être tout simplement un faux.
Le peintre crie au scandale et au manque de professionnalisme, le propriétaire de la maison de vente, Hicham Daoudi, plaide de son côté la bonne foi. Attaques par voie de presse interposée, menace de procès… tout y passe et l’affaire, très vite médiatisée, prend des proportions qui dépassent l'entendement. Les réseaux sociaux s’emparent de la polémique et la bataille fait rage entre les deux protagonistes. Réagissant rapidement, CMOOA admet son erreur et annule la vente. Mais rien n’y fait ! Très remonté, Mounir Fatmi s’insurge contre le "manque de professionnalisme" et demande réparation, menaçant même de porter l’affaire en justice.
Des ambitions communesAlors que l’on s’acheminait vers un bras de fer, voire une procédure longue et coûteuse aussi bien financièrement qu’en termes d’image, un accord a été finalement trouvé entre Fatmi et Daoudi. Un communiqué diffusé, ce samedi 13 juin, précise que le "Studio Fatmi représenté par l’artiste Mounir Fatmi et CMOOA représenté par son directeur Hicham Daoudi, ayant constaté que des œuvres faussement attribuées à Mounir Fatmi circulent sur le marché de l’art, avons décidé de nous concerter dorénavant en amont chaque fois qu’une pièce attribuée à Mounir sera proposée pour une vente à CMOOA". Et les deux nouveaux amis de parier sur l’avenir et d’afficher des ambitions communes, comme le souligne le communiqué: "Cette concertation entre l’artiste et la maison de vente permettra d’infléchir le trafic des faussaires et de contribuer à assainir le marché de l’art au Maroc."
Si l’affaire trouve une issue convenable pour les deux parties, elle aura eu le mérite d’alerter les professionnels sur un marché de l’art qui commençait à s’emballer. Car avec le succès, tous les coups sont permis. Mais déceler un faux, c'est tout un art.




