Cinéma: les défis qui attendent Reda Benjelloun à la tête du CCM

Reda Benjelloun, nouveau directeur du CCM.

Reda Benjelloun a officiellement pris la direction du Centre cinématographique marocain. À la tête d’une institution régie par un nouveau cadre législatif, il devra relever plusieurs défis majeurs.

Le 03/07/2025 à 08h07

Depuis le 26 juin 2025, Reda Benjelloun est officiellement le nouveau directeur du Centre cinématographique marocain (CCM). Il succède à Abdelaziz Bouzdaini, directeur par intérim depuis 2023, lui-même précédé par Mustapha Timi et Khalid Saidi, eux aussi nommés temporairement après le départ de Sarim Fassi Fihri en 2021.Voici quelques-uns des principaux défis qui l’attendent.

Pendant quatre ans, le CCM a ainsi été dirigé par des responsables issus du département de la communication, sans les prérogatives nécessaires pour assurer pleinement leur fonction à la tête d’une institution publique dotée d’une autonomie financière. Avec la nomination de Reda Benjelloun, cette période d’incertitude prend fin. Il bénéficie désormais de toutes les prérogatives de direction, dans un contexte institutionnel renouvelé.

Un mandat structuré par une nouvelle loi

Cette nomination intervient quelques mois après la publication, en décembre 2024, du nouveau cadre législatif régissant le secteur- communément appelé «le code du cinéma» - paru au Bulletin officiel. «Le ministre de la Culture et de la Communication, Mohammed Mehdi Bensaid, ne souhaitait pas lancer l’appel à candidatures pour la direction du CCM avant l’entrée en vigueur de ce texte, qui a mis beaucoup de temps à voir le jour», explique une source au sein du ministère.

Reda Benjelloun, qui occupe toujours pour l’heure le poste de directeur des magazines d’information et du documentaire à 2M, était proche du défunt Nour-Eddine Sail, ex-directeur du CCM et directeur général de 2M à l’époque. Il hérite d’un secteur à la fois stratégique, structuré et exigeant.

Un fonds d’aide à repenser

L’un de ses chantiers prioritaires sera la réforme du fonds d’aide au soutien cinématographique marocain. Créé en 1980 sous la direction de Mehdi Ben Barka, ce fonds dispose aujourd’hui d’un budget de 60 millions de dirhams. Un montant jugé insuffisant face à la hausse continue du nombre de jeunes cinéastes sortant des écoles.

«Ce budget a été fixé en 2012 et n’a jamais été revu à la hausse, alors que les demandes d’avance sur recettes sont de plus en plus nombreuses», indique une source au sein du CCM.

Lors de l’installation de la nouvelle commission du Fonds d’aide à la production cinématographique, le 3 mars 2025, le ministre Bensaid avait d’ailleurs exprimé sa volonté de porter ce budget à 100 millions de dirhams.

Autre défi majeur: renforcer la présence du cinéma marocain dans les grands festivals internationaux tels que Cannes, Berlin ou Venise, en soutenant davantage la production de films d’auteur. «Le cinéma grand public a son importance, mais ce sont souvent les films d’auteur qui sont sélectionnés à l’international. Il ne faut pas concentrer tous les moyens sur le divertissement», souligne notre source.

Encourager une nouvelle génération de cinéastes à s’engager dans le cinéma d’auteur constitue une priorité pour Reda Benjelloun. Aujourd’hui, seuls quelques noms comme Hicham Lasri, Faouzi Bensaïdi, Mohammed Mouftakir ou Nabil Ayouch représentent cette veine artistique.

Une attente...ou une crainte autour du documentaire

Connaissant l’intérêt marqué de Reda Benjelloun pour le genre documentaire, certains craignent qu’il ne privilégie exclusivement ce type de production au détriment d’autres genres cinématographiques, comme le cinéma d’auteur ou le cinéma d’animation. L’enjeu sera donc de trouver un équilibre, en valorisant le documentaire sans négliger la diversité nécessaire à une cinématographie nationale ambitieuse.

Une gouvernance à renouveler

Enfin, le nouveau directeur aura à gérer les questions de gouvernance interne. Plusieurs cadres du CCM approchent de l’âge de la retraite et il lui reviendra d’assurer une relève solide et structurée. Son mandat est fixé à quatre ans, renouvelable.

Par Qods Chabâa
Le 03/07/2025 à 08h07