Le 14 juin prochain, le théâtre Zefzaf de Casablanca accueillera la première d’«Éveil» de la compagnie Ichtah, marquant le début d’une nouvelle ère artistique pour la troupe. Ce spectacle, qui mêle narration personnelle et mouvement collectif, explore une quête intérieure profonde à travers la danse afro-contemporaine. Dirigée par le chorégraphe congolais Joyce Stanley, cette création promet d’être un manifeste artistique puissant, alliant intimité et universalité.
Le rideau s’ouvrira sur un corps en mouvement, fragile et lumineux, traversé par des émotions qui ne passent pas par les mots. «Éveil» n’est pas qu’un spectacle de danse: c’est un voyage sensoriel, une traversée des âges de l’être, de ses chutes à ses renaissances. Sur scène, des danseurs issus du Maroc et d’Afrique subsaharienne donnent vie à cette fable intérieure qui parle à chacun.
«C’est l’histoire d’un personnage en devenir. Il tombe, il doute, il se relève, et finit par s’accepter. Ce spectacle est une invitation à regarder en soi, à se reconnecter à l’essentiel», explique Joyce Stanley, dont l’écriture chorégraphique s’ancre autant dans ses racines africaines que dans ses expériences contemporaines.
Le projet est né d’une idée originale du chorégraphe, nourrie de son propre vécu. Ichtah, co-fondée par Mouna Benqlilou et Sara Zniber, a accompagné la création dès les premiers pas, apportant sa force de production, son regard artistique et son réseau. «Ce qui nous a guidés, c’est la sincérité de la démarche. On a voulu rester au plus près de cette énergie brute, de ce souffle intérieur», précise Sara Zniber.
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L’un des temps forts du processus a été le casting. Plus de 200 danseurs, venus des quatre coins du Maroc, ont répondu à l’appel. «Une jeune interprète de 13 ans a bouleversé toute l’équipe en répétition. Des larmes ont coulé dans le public lors de l’avant-première. Ce sont des instants comme ça qui donnent du sens à ce qu’on fait», se souvient-elle.
Au-delà de la performance, «Éveil» porte une ambition: celle de rendre la danse contemporaine visible et accessible. «La danse est un langage universel. Elle permet de transmettre ce que les mots n’arrivent pas à dire», affirme Mouna Benqlilou. Le spectacle célèbre la diversité, la force du collectif et la beauté du métissage artistique.
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Joyce Stanley, lui, puise son inspiration dans une palette d’influences: danses afro-urbaines, gestuelles traditionnelles, mais aussi techniques contemporaines modernes. «Chaque étape de mon parcours– du Congo à Casablanca, en passant par des compagnies et des scènes variées– nourrit ma manière de danser et de raconter le monde», confie-t-il. C’est cette richesse-là, ce brassage d’expériences et de cultures, qui irrigue «Éveil» de part en part.
Cette première ne sera qu’un début. Une tournée nationale est en préparation, avec la volonté d’ouvrir la création à l’international. «Ce spectacle est vivant, il évoluera avec chaque scène, chaque public», souligne Stanley. «La danse contemporaine reste encore méconnue du grand public au Maroc. Il y a un besoin crucial de la rendre plus visible, plus accessible, notamment à travers des spectacles comme celui ci», renchérit Zniber.

Depuis sa fondation, Ichtah ne cesse de repousser les frontières artistiques. De l’ouverture de la CAN Futsal 2024 à Rabat au festival Timeless, en passant par des performances pour Lojay, Lartiste ou encore Leila Hadioui, la compagnie a su conjuguer excellence, audace et engagement.
À plus long terme, Ichtah rêve d’un écosystème chorégraphique structuré, formateur et influent. «Dans cinq ou dix ans, nous voulons faire du Maroc un pôle artistique de référence sur le continent. Un lieu d’émergence, de transmission et d’expression pour les talents marocains et africains», conclut Mouna Benqlilou.
Avec «Éveil», Ichtah lance un appel vibrant à la conscience. Une première œuvre comme une promesse: que la danse, lorsqu’elle est sincère et enracinée, peut éveiller bien plus que les corps.