Dans les ruines d’une synagogue découverte dans le petit village de Tamanart, là où vécut entre le XVIe et le XIXe siècle une communauté judéo-marocaine, des écritures et des pages de la genizah du lieu de culte, des citations du livre de la Genèse, ainsi que des objets rituels et quelques amulettes en papier datant du XVIe siècle ont récemment été découvertes par une équipe de chercheurs, composée de Orit Ouaknine-Yekutieli, et son mari, lui aussi archéologue, Yuval Yekutieli, et des chercheurs marocains et français Salima Naji, son mari David Goeury, ainsi que Aomar Boum, Mabrouk Saghir.
Au sujet des amulettes retrouvées lors de ces fouilles, l’une d’entre elles avait eu pour but de protéger une femme sur le point d’accoucher, ainsi que son nouveau-né, une autre, à protéger son propriétaire d'ennuis et de maladies… Des charmes basés sur des textes sacrés et des formules qui se trouvent «dans le Livre de Raziel, un ancien livre kabbaliste», explique à ce propos la chercheuse israélienne d’origine marocaine Orit Ouaknine-Yekutieli. «Un livre qui comprend des textes pour les charmes et qui était très utilisé par les communautés juives du Maroc», explique le média israélien Haaretz, qui a consacré un article à ces recherches archéologiques.
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Endommagée au fil du temps par les intempéries, de récentes inondations dans la région et des pillages, la synagogue, lieu de ces fouilles a été découverte le mois dernier, après une enquête préliminaire sur les sites juifs de la région menée auprès d'habitants qui se souviennent encore de leurs voisins juifs partis pour Israël il y a 70 ans de cela.
Les chercheurs recherchent désormais des Juifs ayant vécu dans la région et connaissant la synagogue ainsi le village, afin de pouvoir reconstituer cette ancienne vie en communauté. Quant aux textes et aux écritures sacrés découverts sur ce site, ceux-ci ont été transférés dans un lieu sécurisé au Maroc, où ils seront étudiés et analysés grâce à une technologie faisant appel à l'intelligence artificielle.Cette découverte de taille est la première d’une longue série de fouilles à venir, qui inclura Ifrane de l'Anti-Atlas et ses environs, précisément là où vivait l’une des plus anciennes communautés juives d’Afrique du Nord et la plus ancienne du Maroc.
En effet, «certaines traditions disent qu'après la destruction du Premier Temple, les réfugiés fuyant Jérusalem ont établi un royaume juif à Ifrane, dirigé par un roi appelé Efrati», explique Haaretz.
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Parmi les autres sites qui intéressent les chercheurs, la ville de Tiznit, qui fut le principal centre de production de bijoux en argent réalisés par des orfèvres juifs, ou encore Tehaleh et Agadir, qui abritaient des synagogues datant du XVIIIe siècle, et enfin Taroudant.
«Dans le cadre de nos recherches, nous souhaitons mener des entretiens et recueillir des souvenirs, des témoignages et des photographies de personnes de cette région qui vivent désormais dans la diaspora marocaine à travers le monde, notamment en Israël, en France et en Amérique du Nord», a expliqué la chercheuse Orit Ouaknine-Yekutieli.