Pendant plus de trois semaines, notre équipe nationale de football nous a fait vivre de grands moments et des émotions intenses. Comme une étoile filante au firmament, elle a brillé tout au long de sa trajectoire, éveillé les rêves, emporté avec elle nos vœux et nos espoirs pour des lendemains meilleurs.
Cette équipe a incarné davantage pour nous qu’un groupe de sportifs de haut niveau. Les Lions de l’Atlas n’ont pas atteint la troisième marche du podium mais au risque de répéter une évidence, nous avons gagné bien plus que nous avons perdu. De footballeurs, nos joueurs sont devenus des symboles, à l’échelle d’un pays, d’un continent et du monde. Et ça, ça vaut tous les trophées du monde.
Depuis le printemps arabe, jamais un tel évènement n’avait à ce point rassemblé les peuples des pays arabes autour d’un même rêve. Par leur talent, leur force, leur unité, leurs valeurs, ces joueurs marocains portés par leur incroyable entraîneur sont parvenus à nous faire entrevoir, l’espace d’une parenthèse de quelques semaines, ce que pourrait être le monde avec une donne différente. Et si nous étions unis… C’est la phrase qui reste en suspens au terme de cette Coupe du monde, où le Maroc a gagné les cœurs en devenant un exemple vivant de la méritocratie, la force des valeurs familiales, la puissance de la foi, de l’amour de la patrie…
Nous auxquels il manquait un porte-parole suffisamment brillant, puissant, médiatisé, respecté et éclairé pour être capable de véhiculer à travers le monde nos valeurs culturelles, identitaires, religieuses afin de contrer les ravages de la stigmatisation, c’est dans l’équipe nationale marocaine que nous l’avons trouvé.
Mais la médiatisation extrême d’une représentation positive de l’expression de notre culture a dévoilé au grand jour le meilleur comme le pire. A chaque médaille son revers, et dans le cas présent, c’est de racisme dont il est question. Un racisme décomplexé qui s’est étalé sans vergogne dans la presse occidentale, particulièrement en France, où l’extrême-droite, invitée d’honneur des plateaux télévisés a pu déverser sa haine et distiller la peur dans les cœurs à l’encontre de la communauté maghrébine. Le résultat n’a pas tardé à se faire ressentir avec, le soir du match Maroc-France, des «ratonnades» menées par des groupes d’extrême-droite contre les supporters de l’équipe du Maroc.
En Allemagne, certains de nos joueurs ont été accusés par un journal de promotion du terrorisme pour des photos où ils posent en levant un doigt au ciel, signe, paraît-il, de ralliement à Daesh… Dans quelle misère intellectuelle vivons-nous? Enfin, au Danemark, dans une émission télévisée, c’est à des singes qu’ont été comparés cette fois-ci nos joueurs pour avoir fêté leurs victoires avec leur mère. Voilà ce qu’évoque l’amour d’un fils pour sa mère, sa fierté de la partager avec elle qui lui a tout donné…
Idem en Italie, où ce sont cette fois-ci les supporters marocains qui ont été comparés à des singes hurleurs par le député Marco Fiori, membre du parti d’extrême-droite la Ligue du Nord.
Mais qu’à cela ne tienne, au-delà de la haine, le Maroc et sa diaspora à travers le monde sont les grands vainqueurs de cette Coupe du monde. Reste maintenant à capitaliser sur cette victoire, en considérant le sport à sa juste valeur, en multipliant les infrastructures, les fonds, les compétences nécessaires à son développement pour le salut de notre jeunesse. Et si d’aventure on se décidait enfin à appliquer cette règle d’or à tous les secteurs économiques, quel meilleur remède à la fuite des cerveaux!
Alors merci à nos Lions de nous avoir fait rêver, d’avoir réveillé en nous un sentiment de fierté malmené par les difficultés de la vie, d’avoir hissé très haut les couleurs et les valeurs du Maroc, d’avoir démontré au monde ce qu’est la grandeur d’une nation, aussi petite soit-elle en comparaison à d’autres, et de nous avoir rappelé que l’impossible n’est pas marocain.