Il y a quelques jours est sorti sur la plateforme de streaming Netflix un documentaire qu’on ne saurait que trop vous recommander: «Derrière nos écrans de fumée».
Un documentaire édifiant et terrifiant sur l’impact des réseaux sociaux sur nos vies. Propagation de fake news, hausse des suicides chez les adolescents de 10 à 14 ans, polarisation des débats politiques… Jusqu'ici rien de nouveau, nous direz-vous, tant l’addiction provoquée par l’utilisation des réseaux sociaux est connue de tous. Mais bien qu’elle soit décriée, celle-ci finit par être assumée. Mais par quel miracle? Comment peut-on continuer à utiliser à grosses doses quelque chose que l’on sait être néfaste?
Pour répondre à cette question, ce documentaire va un peu plus loin que le discours alarmiste que nous avons déjà intégré et qui se rapproche de celui qui nous met en garde contre les dangers de la drogue. Conviés à intervenir sur le sujet, des anciens dirigeants ou employés de Facebook, Pinterest, Twitter et Google passent à confess’, confiant leurs remords, leurs craintes quant à l’avenir et enfin prêts à répondre à une question fondamentale: comment les réseaux sociaux utilisent les ficelles de la psychologie humaine pour mieux nous manipuler?
Première ruse, l’illusion de la gratuité. Facebook est gratuit et le restera toujours, nous rassure-t-on dès notre inscription sur la plateforme. Pourtant, nous rappellent ces experts repentis, les réseaux sociaux ne sont pas gratuits car «si tu ne paies pas pour le produit, c’est que tu es le produit». Nous autres utilisateurs de ces plateformes sommes les données humaines qui se monnaient à des sommes astronomiques. Notre intimité, le moindre de nos gestes, de nos comportements, la moindre seconde de notre attention représente une mine d’or pour des entreprises qui sont devenues en quelques années, les plus riches de l’Histoire, grâce à la collecte de ces datas humaines qu’on leur offre chaque jour gratuitement, sur un plateau en argent.
Deuxième ruse, l’illusion du partage. Le fait de pouvoir liker, partager, interagir les uns avec les autres nous donne l’impression de mener une vie sociale bien remplie, or, c’est tout l’inverse qu'il se passe. Notre fil d’actualité ne ressemble en fait à aucun autre car celui-ci a été concocté spécialement pour nous par une technologie qui étudie nos comportements pour mieux nous influencer. C’est tout l’art de la captologie, une science qui vise à manipuler les masses par le biais d’intelligences artificielles. Chacun vit maintenant dans sa bulle mais aussi dans son monde avec un flot d’informations mais aussi de fake news orientées qui nous conditionnent.
Les conséquences de cette manipulation insidieuse qui crée en nous une addiction équivalente, voire supérieure, à celle engendrée par les drogues ont de quoi vous glacer le sang.
Premières victimes, les enfants et les adolescents dont le taux de dépressions et de suicides atteint des sommets. Sans compter l’émergence de ce nouveau mal nommé la dysmorphie et qui consiste à vouloir avoir recours à la chirurgie esthétique pour obtenir l’effet des filtres de Snapchat ou Instagram.
Les réseaux sociaux ont aussi beaucoup fait dans la propagation des discours de haine, dans la diffusion d’images de tueries de masse mais ont aussi permis le recrutement au sein des cellules terroristes à travers le monde.
Par ailleurs, les théories conspirationnistes prennent de plus en plus d’ampleur et se répercutent sur la société, à l’image de la thèse qui fait de plus en plus d’émules selon laquelle la terre est plate. La pandémie du Covid-19 est elle aussi passée par cette machine à fausser, créant un cafouillage mondial au point qu’on ne sait plus qu’y croire, qu’on remet tout en question et qu’on conteste l’ordre établi.
Le flot de données qui se déverse chaque jour sur nos écrans et qui nous donne l’illusion de l’information a en fait ouvert la voie à l’ère de la désinformation. Et que se passe-t-il dans une société devenue sceptique, persuadée que tout est mensonge? Le chaos, les émeutes, les guerres civiles et la fin des démocraties, annoncent le panel d’experts, la mine contrite.
Un documentaire à voir absolument au cas où vous auriez encore l’illusion de votre liberté et surtout, avant de mettre un smartphone entre les mains de votre enfant pour répondre à un caprice.