Dans tout conflit, il y a le temps de la colère, des reproches, des insultes, puis il y a le temps du silence. C’est le temps de la réflexion où l’on pèse le pour et le contre, où l’on prend en compte les conséquences forcément néfastes et désastreuses d’une confrontation, puis il y a le temps, difficile mais précieux, celui de reconnaître ses torts.
Le Maroc, par la voix de son Souverain, a dit clairement son désir de paix et de fraternité. L’histoire a pris acte de cette main tendue.
L’Algérie a répondu par l’invective et l’escalade dans la tension en rompant les relations diplomatiques avec son voisin de l’Ouest.
Reste que les deux peuples n’aspirent qu’à une seule chose, la paix et les retrouvailles après l’ouverture des frontières.
Une ère nouvelle est possible, surtout en ces temps troubles où le monde change avec brutalité et régression. La victoire des Talibans en Afghanistan est un signe désespérant de ces troubles où la barbarie l’emporte sur la raison, la violence sur la civilisation.
On voit bien que certains ont intérêt à déstabiliser notre région. Le monde arabe ou ce qu’il en reste est un spectacle désolant. Les divisions inter-arabes ont réussi à détruire une entité et une civilisation.
Le Maghreb a été contaminé par le poison de la division. La Lybie s’est enlisée dans le chaos où des puissances tirent les ficelles. La Tunisie se bat comme elle le peut pour sauver ses institutions et son économie. Quant au Maroc et l’Algérie, ils sont au bord d’un conflit armé qui fera le bonheur des marchands d’armes –et ils sont légion–, et le malheur de deux peuples qui rêvent de paix et de réconciliation.
Pour cela, je dois avouer que la sortie de l’ambassadeur du Maroc aux Nations Unies à propos de la Kabylie a été une erreur, une grave erreur.
Alors que le Maroc se bat depuis plus de 45 ans pour son intégrité territoriale et contre le séparatisme, voilà qu’un ambassadeur fait mal à l’Algérie en évoquant une question délicate.
C’est cette déclaration qui a mis le feu aux poudres en Algérie. Quel que soit le but poursuivi par cette sortie, il n’en reste pas moins que c’est une ingérence dans la politique intérieure du voisin.
Le Maroc devrait retirer cette déclaration. Le temps de reconnaître cette erreur est là. Les dirigeants algériens ont besoin que le Maroc prouve, comme l’a rappelé le Souverain, sa bienveillance et sa volonté sincère de faire vivre l’Union du Maghreb.
Le reste est de l’ordre de la diplomatie des coulisses. La raison, le besoin d’une prospérité commune et partagée, la constitution d’une entité forte et solide face à l’Europe, devraient l’emporter face à l’aventure guerrière, celle qui voudrait se venger d’une ingérence dans les affaires internes du voisin.
Ensuite, ce sera à l’Algérie de reconnaître la marocanité des Provinces du Sud et d’accepter la solution présentée par le Maroc dans l’enceinte des Nations Unies. Le Maroc, comme l’Algérie, tient à consolider son intégrité territoriale.
Une union maghrébine est possible. On a vu comment l’Europe, même malade, essaie d’entraver les économies de nos pays. Face à cette Europe, un Maghreb uni sur des bases objectives en dehors des idéologies, pourrait constituer une nouvelle donne qui garantirait la prospérité des deux pays, mettrait fin au chômage et aux égoïsmes secs qui ne rapportent rien aux deux peuples.
Pour cela, il faudra dépasser les rancœurs, les politiques des humeurs, il faudra penser à l’avenir de notre jeunesse qui a besoin d’avoir confiance en elle, qui ne se laissera plus séduire par le mirage occidental. La fuite des cerveaux est un malheur dont on voit les conséquences tous les jours. Sachez que plus de 12 000 médecins et professeurs de médecine maghrébins exercent en France, alors que nos pays souffrent d’une pénurie terrible de ce corps de métier, surtout en cette époque de crise sanitaire qui semble durer encore quelques années. C’est un exemple parmi tant d’autres. Imaginez ce que seraient le Maroc et l’Algérie s’ils étaient unis sur le plan économique et industriel, sur le plan de la volonté d’agir main dans la main face aux ennemis de l’unité. Ils constitueraient une nouvelle puissance qui ferait entendre la voix d’un Maghreb fort et décidé à défendre son entité, sa culture, sa civilisation.
La division et la tentation de la guerre ne sont pas une fatalité.