Dans la ville de Casablanca, cinq mégaprojets figurent en tête de liste des chantiers bloqués qui n’ont pas encore vu le jour malgré les années écoulées depuis leur lancement. Ces projets sont toujours un état de stagnation qui affecte négativement le développement économique et social de la ville.
1) Aménagement de la corniche de Ain Sebaâ
En dépit de l’avancée des travaux d’aménagement de la corniche d’Ain Sebaâ à Casablanca, qui laissent présager un quasi-achèvement du projet, l’attente et l’incertitude sévissent toujours, le chantier n’ayant pas été achevé à la date prévue en juillet dernier. Ce retard soulève de nombreuses questions sur le sérieux de l’engagement des autorités concernées à mener à bien ce projet vital, qui devait constituer un débouché important pour les habitants des préfectures de Sidi Bernoussi et d’Ain Sebaâ.
Dans un échange avec Le360, Karim Glaibi, conseiller à l’arrondissement d’Ain Sebaâ, a affirmé que la réalisation de ce projet a atteint des stades très avancés, et que le rythme des travaux s’est accéléré dans le but de le livrer à temps. Cependant, ces promesses ne se sont pas encore concrétisées, ce qui a suscité le mécontentement des habitants et des visiteurs de la zone qui espéraient voir une corniche moderne à la hauteur de son emplacement stratégique.
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Le projet, signé devant le roi Mohammed VI en 2014 dans le cadre des projets de développement de la ville de Casablanca et doté d’un budget de 100 millions de dirhams, vise à créer un cadre attractif et digne à cet arrondissement, selon une perspective écologique qui prend en compte la durabilité et utilise des matières premières respectueuses de l’environnement. Le projet est censé relier la ville et la façade côtière, tout en offrant une vue imprenable sur l’emblématique mosquée Hassan II.
L’entreprise Benlhou Frères avait remporté l’appel d’offres, on s’en souvient, le 19 décembre 2023, en proposant un budget de 69,8 millions de dirhams. Selon les maquettes diffusées sur le site internet du cabinet Oualaou et Choi (O+C), ce projet promet de doter l’est casablancais d’un nouvel espace vert en transformant la corniche en un parc maritime.
2) Délocalisation des marchés de gros à Had Soualem
Après une longue attente, le délogement des marchés de gros de la ville de Casablanca devrait commencer dans les 15 prochains mois. Ce projet très attendu vise à alléger la pression sur la capitale économique et à atténuer les embouteillages dont la ville souffre de plus en plus, en construisant une plateforme alimentaire et agricole intégrée dans la région de Had Soualem.
Dans des déclarations à la presse, la maire de Casablanca, Nabila R’mili, a affirmé que le marché de gros de la volaille de Hay Mohammadi sera le premier concerné par cette délocalisation, le marché actuel devant fermer après l’inauguration du nouveau projet. S’en suivra le transfert du reste des marchés de gros, à savoir le marché de gros des fruits et légumes de Sidi Othmane, le marché aux poissons à Lahraouyine et le marché Bayada au quartier La Gironde.
La concrétisation de ce mégaprojet nécessite un investissement de 1,5 milliard de DH. Il sera porté à hauteur de 50% par le conseil communal, le reste étant financé par des fonds du ministère de l’Intérieur, du conseil de la région Casablanca-Settat et de la commune de Had Essoualem.
Cependant, malgré les grandes ambitions qui accompagnent ce projet, sa mise en œuvre effective demeure loin des objectifs fixés. L’infrastructure du marché existant se détériore clairement, exacerbant les problèmes d’hygiène, de santé et de sécurité. De plus, les défis auxquels est confronté la délocalisation de ces marchés sont multiples, notamment ceux de la logistique, et ceux liés à la coordination des efforts entre les différentes parties de financement et d’exécution.
3) Réhabilitation du zoo d’Ain Sebaâ
Bien que les travaux du zoo d’Ain Sebaâ soient terminés, les autorités municipales n’ont pas encore décidé de la date d’ouverture officielle. Chaque fois qu’une date est annoncée pour l’ouverture du parc, les résidents s’étonnent qu’elle soit reportée pour une raison ou une autre. Ces reports à répétition ont mécontenté de nombreux habitants de la ville, qui attendent impatiemment l’ouverture du parc pour profiter de ses installations.
Le zoo d’Ain Sebaâ est l’un des projets importants censés donner une nouvelle allure aux espaces de divertissement de la ville de Casablanca. Le projet a été lancé en 2016 pour un coût estimé à environ 250 millions de dirhams. Avec une superficie de 13 hectares, dont 10 hectares réservés aux animaux et 3 hectares pour des installations de loisirs, le parc accueillera environ 45 espèces animales, représentant une diversité de la faune mondiale.
Le parc, considéré comme l’un des zoos les plus anciens et les plus célèbres du Maroc, était autrefois une destination privilégiée des Casablancais. Sa réhabilitation et son aménagement s’inscrivaient dans une vision globale visant à le transformer en un espace de divertissement répondant aux normes internationales. Mais les années qui se sont écoulées sans que le projet soit achevé ont fait douter de la capacité des parties concernées à honorer leurs engagements.
4) Réaménagement de l’éco-cité Zenata
S’étendant sur une superficie de 1.860 hectares, l’Éco-cité Zenata est un projet urbain novateur qui ambitionne d’accueillir 300.000 habitants et créer 100.000 emplois à terme. Ce projet ambitieux, dont le projet de réaménagement a été lancé en 2013, était censé transformer la zone en un pôle économique et social améliorant la qualité de vie de la ville et répondant aux normes internationales en matière de développement durable.
Plus d’une décennie après le lancement du projet, les résultats sur le terrain ne reflètent pas ces grandes ambitions. Les travaux sont toujours au ralenti et de nombreuses installations et infrastructures ne sont pas encore achevées.
Le retard dans la mise en œuvre du projet a non seulement affecté les perspectives économiques et sociales de la région, mais a également créé de la frustration parmi les résidents et les investisseurs potentiels. Ce qui était considéré comme l’un des projets majeurs qui contribueraient à transformer la ville est désormais considéré comme un exemple des pierres d’achoppement et des défis qui entravent la mise en œuvre des mégaprojets au Maroc.
5) Le grand théâtre de Casablanca
Les Casablancais attendent avec impatience l’ouverture du grand théâtre de Casablanca, dont les travaux se sont achevés il y a plusieurs mois. Mais ses portes sont toujours fermées pour des raisons inconnues. Ce théâtre, censé être un phare culturel de la capitale économique, est aujourd’hui devenu l’objet d’interrogations et de rumeurs qui se propagent parmi les habitants de la ville.
Casa aménagement
Un énorme budget dépassant les 144 milliards de centimes a été alloué pour mener à bien ce grand projet culturel. Bien que les travaux de construction soient terminés, le théâtre n’a pas encore été ouvert au public, ce qui suscite l’embarras et l’inquiétude des Casablancais. Au fur et à mesure que le délai de fermeture se prolonge, des rumeurs commencent à se répandre sur les raisons du retard, dont certaines sont liées à la non-conformité des travaux achevés avec le cahier des charges, et d’autres sur la crainte des parties concernées quant à la signature de la livraison finale du projet.
Face à cette situation, le wali de la région, Mohamed Mhidia, est intervenu. Des sources bien informées ont indiqué qu’il a demandé un rapport détaillé sur le projet et son cahier de charges, en plus d’autres détails techniques pour examen. Cette intervention pourrait ouvrir la porte à de nouveaux développements dans le dossier du grand théâtre de Casablanca et pourrait conduire à la résolution de la crise qui freine l’ouverture de ce monument culturel.