Vidéo. Dépénalisation du cannabis: l’avis d’Imane Kendili, psychiatre et addictologue

le360

Le 16/03/2021 à 08h13

VidéoL’adoption du projet de loi sur la dépénalisation de la culture du cannabis fait débat dans la société marocaine. Si ce projet de loi divise parmi les politiques, sur un plan scientifique, médecins et chercheurs y sont plutôt favorables, mais appellent à la prudence et à une approche globale. Le point avec la Dr. Imane Kendili, addictologue.

Pour la docteur Imane Kendili, la question devrait être abordée de manière multidisciplinaire. Aussi bien sur un plan économique, social que médical.

«Comme nous avons pu le voir dans d’autre pays, la dépénalisation du cannais permettra de contrôler et de savoir quel sont les réseaux de production, de distribution mais aussi de contrôler la dose de THC (Tétrahydrocannabinol), de mettre des barrières, des limites et de contrôler les commerces parallèles. En revanche, dépénaliser ne devrait pas dire la banalisation d'une consommation qui peut être délétère et qui peut avoir des conséquences graves sur la maturité cérébrale particulièrement chez les jeunes», explique l’addictologue.

Le THC est la substance psychoactive du cannabis, qui peut être à l'origine de problèmes de santé mentale. Plus le pourcentage de THC est conséquent, plus les risques sont importants.

Le taux de THC de la plante actuellement cultivée au Maroc s’établit à plus de 20%, mais le projet de loi parle de plantes contenant un pourcentage beaucoup plus faible, aux alentours de 1,4%, selon Imane Kendili, qui souligne que c’est une bonne chose. Mais la psychiatre addictologue explique que son usage récréatif devrait aussi être discuté par le projet de loi. 

«Dépénaliser de manière structurée avec les bons garde-fous, ça pourrait être très bien, pour l'économie et pour la société, à condition de sensibiliser et de bien faire la différence entre le cannabis médical, le cannabis à usage industriel et le cannabis à usage récréatif qui lui aussi, devrait, à mon avis, être mis sur le tapis», confie-t-elle.

Auteure d’un livre intitulé «Les drogues expliquées à mes enfants», la psychiatre addictologue souligne l’importance de la communication pour éviter les amalgames.

«Il faut bien expliquer qu’elle pourrait être l’usage de la dépénalisation de la culture du cannabis. Ça ne veut pas dire qu’on va aller au coffee shop du coin ou que le médecin va pouvoir vous prescrire des petites doses de cannabis comme vous vous l’entendez. Il faut aussi éviter le détournement de l’usage, cela a été très bien fait avec la méthadone au Maroc, qui est délivrée en milieu hospitalier pour le traitement des patients héroïnomane, l’usage médical du cannabis ne doit pas être détourné de son usage», déclare Imane Kendili.

«Quand certains de nos représentants politiques parlent, il y a des questions qui restent ouvertes et qui sont importantes pour savoir si la dépénalisation du cannabis aura, à l’instar de pays comme le Canada, une structuration à bon escient, ne serait-ce que l'âge, par exemple, de 25 ans qui gagnerait à être également réfléchi» poursuit-elle.

Sur le plan de la recherche scientifique, la plante n’a pas encore livré tous ses secrets. Le CBD (Cannabidiol) est aujourd’hui bien connu et utilisé dans le traitement de la douleur mais le cannabis a énormément de dérivés qui restent inconnus.

«La recherche pourrait montrer plein de chose mais la aussi c’est une question de structuration. Au vue du contexte international, ne pas dépénaliser le cannabis serait un peu bête, il faut avancer avec son temps et il y a toute une industrie qui pourrait profiter au Maroc parce qu’il y a une réalité qui est là. Maintenant il faut, par la parole, par le média, bien expliquer les choses est en faisant bien la différence entre la dépénalisation de la plante et les usages qui vont être mis en place, et la dépénalisation de la consommation qui, elle, n'a rien à voir. Il faudrait peut-être tout mettre sur le tapis et en discuter de manière multidisciplinaire», explique la psychiatre addictologue.

C’est donc une approche globale que prône la médecin, en intégrant aussi l’usage récréatif au débat, pour éviter les dérives et autres détournements de l’usage futur du cannabis au Maroc.

Par Mehdi Heurteloup et Khadija Sebbar
Le 16/03/2021 à 08h13

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"Canabis à usage récréatif" ce que pouvaient redouter certains est justifié. Et pourquoi pas la cocaïne à usage récréatif tant qu'on y est. On a déjà vu les ravages de l'alcool dans les familles et sur les routes malgré l'interdiction. La légalisation de la drogue dans certains pays d'Europe du nord a été un échec. Les trafics ont continué simplement par que les barrons de la drogue s'orientent vers la vente de substances plus dures pour maintenir leur profit . On ne fait pas de l'argent au détriment de la santé de la population sauf si on se moque d'avoir une génération de drogués au cerveau ramoli

Vous vous mélangez les pinceaux ! Que vient faire la cocaïne et la plante naturelle du cannabis ? Apparemment vous n'avez rien compris à la réglementation du cannabis à usage thérapeutique (Médecine), vous avez sûrement lu en diagonale la base de cette réglementation au Maroc...Vous n'allez dans une épicerie du coin en demandant Allah khalik âateni nass kilo dial kif ! Ou des ouvertures des coffe-shopp à gogo comme en Hollande....Du tout, il faut lire avant de débiter des sottises !

La lutte contre la drogue telle qu'elle est pratiquée depuis des décennies ne profite qu'aux mafias.... Autant donc légaliser le canabis, engranger des recettes confortables (qui n'iront pas aux mafias) et améliorer au passage la prévention et l'éducation. Les pays qui l'ont légalisé n'ont pas observé d'augmentation notable de la consommation. La question se pose aussi pour l'alcool. On sait bien ce que vaut son interdiction au Maroc...

Suite de mon commentaire précédent. J'ai vu dans Google, qu'on pouvait aussi fabriquer avec les fibres de cette plante du papier et même du plastique et bien d'autre chose! Mais bien sûr ceux qui sont contre la dépénalisation de cette plante riche en bienfaits ignorent tous ces avantages et ne voient que le côté récréatif.

Il y a aussi, l'utilisation du chanvre dans le domaine textile et dans la fabrication de produits de la vannerie. C'est écologique et permet d'avoir une matière première bon marché.

Le Maroc n'est pas le premier pays a ''dépénalisé'' le cannabis. Le modèle canadien de gestion du chanvre semble fonctionner. Il restreint l'accès au mineur, ce qui est très important. Il diminue la criminalité. Il permet un contrôle de qualité (taux de THC). Il permet aux agriculteurs de sortir de la clandestinité. Il génère des recettes fiscales. Il permet de connaitre le vrai taux d'utilisateur de la population. Pour que cela fonctionne et élimine progressivement la contre bande, il est important d'offrir les mêmes caractéristiques que se qui se vont sur le marché noir, en terme de taux de THC et de prix, sinon les utilisateurs n'adhèreront pas...

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