«Stop aux palmiers» ou quand les Casablancais s’élèvent contre la défiguration de leur ville

Un quartier à Casablanca. (A.Gadrouz/Le360)

Le 09/08/2024 à 08h35

VidéoStop à la plantation des palmiers! Depuis trois ans, des voix critiques s’élèvent pour interroger la pertinence de cette mesure urbanistique à Casablanca. Un choix perçu comme étant un échec écologique et urbain. Témoignages.

Il y a dix ans de cela, les rues de Casablanca ont commencé à changer de visage avec l’introduction des palmiers «Washingtonias». Une mesure qui a, depuis, déclenché une controverse qui ne s’est pas estompée avec le temps. Des voix s’élèvent encore aujourd’hui pour questionner ce choix urbanistique, qui, selon plusieurs résidents et militants écologistes, fait fi aux véritables besoins environnementaux de la ville.

Salima Belmokadem, ingénieure paysagiste et fervente défenseure de l’environnement, est à la tête du mouvement “Maroc Environnement 2050”. Elle critique vivement les méthodes employées dans la gestion urbaine de la verdure de Casablanca. «Remplacer des arbres centenaires par des palmiers est une pratique que nous ne pouvons tolérer», conteste-t-elle.

Elle décrit une situation où les grands arbres, témoins de l’histoire de la ville, sont arrachés pour laisser place à des espèces qui ne fournissent ni ombre suffisante, ni biodiversité, ni même une esthétique adaptée au climat local.

Selon notre interlocutrice, ces actions sont le résultat de décisions prises sans considération suffisante pour la durabilité ou le bien-être commun. Elle met en lumière l’ironie de la situation: Casablanca, une ville qui subit des températures croissantes et des périodes de sécheresse prolongées, opte pour une espèce qui est moins capable de contribuer à la régulation thermique que les arbres indigènes. «Planter un palmier dans un environnement qui a cruellement besoin de résilience climatique est une aberration», insiste-t-elle.

Cette mesure de plantation des palmiers n’est pas juste une question de choix d’arbres, elle est symptomatique d’un manque de vision environnementale au sein des instances de décision. «Même si des campagnes de sensibilisation ont été lancées et des lettres ont été envoyées aux responsables, l’écho de ces efforts semble se perdre dans les méandres de l’administration», martèle-t-elle.

De son côté, Moulay Ahmed Afilal, vice-président du conseil communal de Casablanca, signale que ledit conseil s’engage dans une politique de plantation d’arbres, notamment aux entrées de la ville, où environ sept accès ont été réaménagés avec des arbres. «La plantation de palmiers n’a pas été une décision politique du conseil, mais a eu lieu lors de l’aménagement des lignes de tramway pour des raisons techniques, sans implication directe du conseil», fait-il observer.

«Actuellement, la commune s’investit dans un projet de plantation d’arbres, reconnaissant leur importance pour les Marocains, surtout en période de sécheresse comme celle que nous traversons», conclut-il.

Par Hafida Ouajmane et Adil Gadrouz
Le 09/08/2024 à 08h35