Réputée pour ses eaux thermales et ses jardins luxuriants, la station de Sidi Harazem est aujourd’hui sous l’emprise de groupes informels qui imposent leur loi. Sous couvert de «services», ces individus extorquent de l’argent aux visiteurs: 50 dirhams pour s’asseoir sur une simple natte en plastique dans un jardin public, entre 20 et 40 dirhams pour accéder à une eau thermale pourtant gratuite et reconnue patrimoine naturel. Pire encore, certaines chambres sont illégalement aménagées et louées, transformant les espaces publics en un marché parallèle incontrôlé. Résultat: des recettes fiscales échappent à la commune, tandis que les visiteurs sont plongés dans un climat d’insécurité et de méfiance.
Les inspections de la Cour régionale des comptes de Fès, menées entre le 22 mai et le 4 juin, confirment une privatisation systémique du domaine public. Le rapport pointe l’occupation illégale des sources thermales I et II, désormais exploitées à des fins lucratives, ainsi que l’exploitation sauvage des espaces verts: ventes informelles, restauration clandestine, locations non réglementées. Toilettes et parkings publics ont également été détournés de leur usage initial pour devenir des péages improvisés, tenus par des réseaux locaux bien organisés. Ce laisser-faire généralisé met en lumière un vide sécuritaire et administratif alarmant, selon Al Akhbar.
Derrière ce chaos, c’est l’absence flagrante de volonté politique qui saute aux yeux. La commune, pourtant chargée de la gestion et de la protection du site, semble dépassée par les événements. Pis encore, ce manque de régulation alimente l’économie parallèle, où des individus agissent en toute impunité. Les ressources détournées échappent à l’intérêt collectif, privant la station des fonds nécessaires à son entretien et à son développement touristique.