À chaque Ramadan, les mêmes scènes, répétant à l’envi la même perception d’énormes gâchis, s’offrent aux regards dans tous les quartiers des principales villes du Maroc: d’importants gaspillages alimentaires sont constatés dans les rues. C’est le cas à Agadir, où les bennes à ordures débordent chaque jour de déchets d’emballages et de restes alimentaires.
Al Ahdath Al Maghribia de ce mercredi 27 mars 2024 s’est immergé, le temps d’un article, dans l’ambiance en ce mois de Ramadan dans la capitale du Souss, où les camions de collecte des déchets et les agents en charge de la propreté sont toujours les mêmes à être déployés dans les différents quartiers de la ville, pour y collecter les déchets ménagers.
C’est souvent à l’aube que leurs tournées sont programmées et, dans les bennes, ils trouvent souvent des plats cuisinés par les riverains pour leur ftour, qu’ils n’ont pas même consommés.
Le quotidien, qui a rencontré un certain nombre de ces éboueurs, les a interrogés sur cette période particulière du calendrier de l’Hégire. L’un d’entre eux a ainsi expliqué que ce qui changeait vraiment au cours du mois de Ramadan, c’était, bizarrement, l’augmentation des quantités de déchets alimentaires, qui deviennent plus importantes.
Pourtant, a-t-il aussi expliqué, ce sont souvent les mêmes personnes, qui jettent tous ces déchets, qui se retrouvent à se plaindre de leur prolifération dans les rues et critiquent non le gaspillage alimentaire dont elles se rendent responsables, mais l’inefficacité, jugent-elles, des employés des entreprises de collecte.
Le témoignage d’un autre éboueur laisse pantois: décrivant la nature des déchets, qui augmentent en ce mois de Ramadan, il a énuméré des tagines entiers, beaucoup de harira et, surtout, des crêpes, comme les msemmen et les baghrir, que des familles achètent en importantes quantités juste avant le ftour et ne parviennent pas à consommer en totalité.
Selon Al Ahdath Al Maghribia, la faim et la soif que subissent les jeûneurs tout au long de la journée en pousse un grand nombre à commettre des excès dans la préparation de leurs ftours et leurs achats pour garnir la table.
Dès que ce repas prend fin, que ce soit à Agadir, à Casablanca ou dans d’autres villes du Maroc, les ménages se rendent rapidement compte que tout ce qui a été préparé dépasse largement les besoins du foyer.
Certains tentent, dans un premier temps, de conserver ce qui peut encore l’être pour le lendemain, mais étant donné son mode de conservation éphémère, une grande quantité de cette nourriture se retrouve jetée dans les bennes à ordures.
Ce qui désole davantage encore les éboueurs, en charge de la collecte de ces déchets, c’est que ce sont eux-mêmes qui se retrouvent à être critiqués pour cette situation.
Ils sont en effet accusés de ne pas bien accomplir leur tâche au cours de ce mois de Ramadan, alors même que ceux qui les critiquent devraient d’abord examiner leurs propres modes de consommation alimentaire au cours de ce mois de jeûne, censé être une période de frugalité.