Saisissant l’occasion du ramadan, une équipe dépêchée par Le360 s’est enquise de la situation de cette médina, le quartier le plus fortifié du Maroc, inscrit au patrimoine culturel national depuis octobre 1913. Tout comme ses remparts, presque intégralement restaurés, la zone réservée aux commerces, coeur battant de la médina de Salé, a été elle aussi réhabilitée au niveau de ses «kissariate», ces galeries marchandes dédiées aux bijouteries, aux boutiques d’habillement traditionnel (jellabas, caftans et babouches) et aux échoppes d’épices.
Toutefois, une partie des commerçants se sont dits insatisfaits de l’opération de restauration, se plaignant autant des délais nécessités par les travaux que de la «mauvaise qualité» du résultat. «Nous avons perdu beaucoup de clients à cause de la longue durée du chantier, et la finition de certaines parties des constructions laisse à désirer», déplore ce tenancier d’un magasin de vêtements. En revanche d’autres commerçants se sont déclarés pleinement satisfaits, comme ce bijoutier de la place qui impute le recul des ventes et la raréfaction de l’achalandage à la hausse des prix et à l’inflation.
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Lors de notre tournée dans les ruelles de la médina, nous avons constaté de visu la beauté architecturale des rues et des façades des maisons, dont le style et l’authenticité n’ont pas été dénaturés par l’opération de restauration. Et si les riverains ont des motifs de plainte, ce serait surtout en rapport avec les actes d’incivisme dont font montre certains jeunes, notamment ceux empruntant les ruelles à vive allure juchés sur leurs motos, alors qu’un habitant évoque plutôt le manque, certes relatif, de sécurité dans certains endroits de la médina.
Fondée au 11ème siècle par les Ifrénides, la ville de Salé a connu un important développement sous les dynasties des Almohades (12ème siècle) et des Mérinides (14ème siècle), du fait de sa position stratégique sur la voie terrestre reliant Fès à Marrakech, et surtout grâce à son port, jadis un grand centre d’échanges commerciaux entre le Maroc et l’Europe.