Mohamed Lahbabi, président de la Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc, a vivement dénoncé, dans un entretien qu’il nous a accordé, l’absence de concertation dans la réforme du système de tarification des médicaments. «Nous n’avons pas été consultés dans le cadre de cette démarche unilatérale, qui risque de porter préjudice aux intérêts des 14.000 pharmaciens du Royaume», a-t-il martelé.
Il reproche au ministre de la Santé et de la Protection sociale, Amine Tahraoui, d’avoir annoncé, sans dialogue préalable avec la profession, la publication prochaine d’un décret visant à revoir les prix des médicaments, dans le but déclaré de rééquilibrer les charges des organismes d’assurance maladie, notamment la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS).
S’il affirme ne pas s’opposer à la baisse des prix des médicaments, Mohamed Lahbabi insiste sur la nécessité de cibler, en priorité, les articles les plus coûteux. «Nous ne sommes pas contre la baisse des prix, surtout en ce qui concerne la quatrième tranche, celle des médicaments les plus onéreux, dont les prix varient entre 400, 600, voire plus de 2.000 dirhams. Ce sont ces articles qui pèsent lourdement sur les caisses d’assurance», a-t-il expliqué, précisant que cette catégorie représente, à elle seule, 32% des dépenses des mutuelles.
Toutefois, il redoute que cette réforme n’impacte pas réellement cette tranche de médicaments réservée aux pathologies graves: «Nous craignons qu’au lieu de cibler ces médicaments, la réforme ne touche essentiellement les produits à bas prix. Cela risquerait de décourager les laboratoires à les produire, au détriment à la fois des pharmaciens et des patients.»
Le syndicaliste évoque une forte inquiétude au sein de la profession et n’exclut pas un durcissement du ton. «Nous prendrons, dans les jours à venir, des décisions conséquentes afin de faire entendre nos revendications», a-t-il averti, en faisant allusion à une éventuelle grève nationale.