La mise en place des Groupements sanitaires territoriaux (GST), prévus par la réforme du système de santé, entre dans une phase opérationnelle. Conçus comme des établissements publics stratégiques, les GST ont pour mission d’assurer la mise en œuvre de la politique nationale de santé à l’échelle régionale, avec l’objectif de rapprocher l’administration sanitaire du terrain, explique le quotidien L’Economiste dans son édition du jeudi 29 mai.
Le processus s’est accéléré avec le lancement, lors du dernier Conseil des ministres présidé par le Roi, du premier groupement implanté dans la région Tanger-Tétouan-Al Hoceïma. Celui-ci servira de projet pilote avant la généralisation du modèle à l’ensemble des 12 régions du Royaume.
Chaque GST constituera l’organe de gestion régional de la santé publique, chargé de coordonner, planifier et piloter les services médicaux à l’échelle du territoire régional. Sa gouvernance repose sur un conseil d’administration composé de représentants des ministères concernés, de professionnels de santé, ainsi que d’institutions et d’instances sectorielles, lit-on.
Un décret, publié en mars au Bulletin Officiel, a établi les modalités de désignation des membres de ces conseils d’administration. Il a également encadré le processus de transfert des biens immobiliers et mobiliers de l’État au profit des GST.
Afin d’assurer le bon fonctionnement des GST, plusieurs textes réglementaires sont en cours d’élaboration, précise L’Economiste. Le ministère prépare actuellement un décret fixant le statut-type des professionnels de santé exerçant dans les GST, un arrêté détaillant les conditions et modalités d’élection des représentants des professionnels de santé au sein des conseils d’administration, ainsi qu’un autre décret qui déterminera la date officielle de lancement du groupement pilote dans la région Tanger-Tétouan-Al Hoceïma.
En parallèle, un dialogue social approfondi a été engagé avec les syndicats du secteur, notamment le SNESUP, dans le but d’impliquer les partenaires sociaux dans cette transformation. Lors des réunions tenues récemment, les discussions ont porté sur des questions clés telles que la rémunération variable, la centralisation des salaires, la préservation du statut de fonctionnaire, ainsi que les modalités techniques de gestion des ressources humaines pendant la période transitoire.
Les syndicats ont été destinataires d’un projet de décision relatif à l’organisation des élections professionnelles au sein des GST. Dans le même esprit, le ministère a entrepris un recensement précis des fonctionnaires de santé et de leurs situations administratives, pour anticiper et organiser leur intégration dans les nouvelles structures. Dans la seule région de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, cette réforme concernera près de 9 900 professionnels de santé issus de diverses catégories.
Cette opération implique une gestion rigoureuse afin de garantir la continuité des services et la qualité des soins, lit-on encore. Il est également précisé que des concertations sont en cours avec d’autres départements gouvernementaux, notamment celui de l’Économie et des Finances, pour préparer les documents de référence nécessaires à la première réunion du conseil d’administration du GST pilote. Ces documents comprendront notamment le programme annuel d’action, l’organigramme, le règlement intérieur, ainsi que le statut spécifique des professionnels de santé rattachés à ces structures.
Sur le plan numérique, le ministère de la Santé prévoit le déploiement d’une série de projets structurants à l’échelle régionale, avec pour objectif leur généralisation progressive aux autres régions du Royaume. Dans la région pilote, il s’agira notamment de doter 20 hôpitaux du système d’information hospitalier (SIH), de numériser 289 centres de santé de proximité, de mettre en place une plateforme en ligne pour la prise de rendez-vous et l’accès aux données médicales, de créer un carnet de vaccination électronique, et d’intégrer numériquement les programmes de santé publique existants. Ces initiatives visent à bâtir un système de santé digitalisé, équitable et centré sur le citoyen.
Un programme médical régional a également été conçu pour la région Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, en collaboration avec le Centre hospitalier universitaire (CHU), la direction régionale de la santé et une soixantaine de professionnels issus des établissements médicaux de la région. Ce programme a permis d’établir un diagnostic détaillé de l’offre et de la demande dans 37 spécialités médicales, de mettre en lumière les insuffisances, d’identifier les besoins réels et de formuler des recommandations à court, moyen et long termes.
Ce travail s’est concrétisé par plus de 350 propositions, couvrant plusieurs parcours de soins tels que la chirurgie, l’oncologie, la santé mentale, la santé maternelle et infantile ou encore les services d’urgence.