Médiouna, la décharge qui empoisonne Casablanca

DR

Revue de presseKiosque360. Les odeurs qui s'échappent de la décharge de Médiouna se répandent par delà les limites géographiques de la ville de Casablanca. Si certains propriétaires de Bouskoura crient au scandale, les chiffonniers des douars, eux, se réjouissent de la situation.

Le 14/11/2018 à 21h37

Inspirez, expirez, humez les innommables relents d'ordures entassées sur une hauteur de 45 mètres et une surface de soixante-dix hectares. La poubelle de Casablanca, plus communément appelée Médiouna, est un tas de déchets malodorants s'étalant à perte de vue. Mais, si les riverains se plaignent, les chiffonniers se frottent les mains.

Le journal français Le Monde, dans sa livraison du 15 novembre, dépeint une ville en perdition où s'amoncellent pas moins de 40 millions de tonnes d'ordures. Parmi les déchets, des produits pharmaceutiques et industriels, des matériaux de construction et des solvants, relève le journal.

Les détritus proviendraient de la seule capitale économique du pays, bien que cela semble difficile à croire, pour une ville de 4 millions d’habitants.“On se terre chez nous, car l’air est irrespirable. Les enfants sont malades. Les crises d’asthme se multiplient”, confie Hanane Bouzil, de l’association Mamans de Bouskoura, au journal Le Monde.

Si de nombreuses familles ont voulu fuir la pollution casablancaise et se rapprocher de la verdure de Bouskoura, la déception a vite sonné à leur porte. Derrière le rêve d’une vie plus verte, la réalité les a rattrapées. Bouskoura est, en effet, l’arbre qui cache la forêt, puisque c’est précisément derrière cette dernière que se cachent les déchets.

Les odeurs nauséabondes et toxiques de Médiouna ont vite envahi la petite ville. La décharge, rappelle le journal, était là bien avant le golf de Bouskoura. Depuis 1986, les déchets s’y entassent de manière progressive, au gré du développement de Casablanca.

Au grand désarroi des familles, les autorités se murent dans le silence, au grand bonheur des chiffonniers informels. Plus de 4.000 jeunes, originaires des douars alentours, se rendent ainsi régulièrement à la déchetterie pour se faire 200 à 300 dirhams par jour, soit 5.000 à 7.500 dirhams par mois. Les 3.400 tonnes d’ordures déposées chaque jour sont triées et revendues aux grossistes, avant d’être distribuées aux entreprises de recyclage. Un circuit informel très juteux…

Par Khalid Mesfioui
Le 14/11/2018 à 21h37