Le 14 août dernier, le directeur des programmes nord-africains de l’US Institute of Peace, un think tank américain qui a son siège à Washington, a publié une analyse intéressante de la situation au Sahara marocain. En gros, l’auteur, Thomas M. Hill, avance trois thèses:
1. La reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine est une étape décisive qui annonce la fin du conflit du «Sahara occidental».
2. La communauté internationale accepte de plus en plus que le Maroc contrôle ce territoire.
3. Le «peuple» sahraoui et l’Algérie devraient négocier maintenant les conditions de paix (autonomie sous souveraineté marocaine) avant qu’ils ne perdent tout et que le statu quo actuel (développement du territoire sous l’égide de Rabat) ne devienne permanent.
Sur le fond de l’article, je n’ai rien à dire: ces trois conclusions me semblent correctes. Mais dans le corps du texte, surtout vers la fin, on voit apparaître quelques imprécisions qui montrent à quel point la propagande grossière d’Alger et de ses idiots utiles sud-africains a déformé les esprits, même ceux qui semblent être les plus avertis.
Ainsi, Thomas Hill écrit ceci: «Les Sahraouis pourraient-ils envisager des formes supplémentaires d’autonomie au sein de l’État marocain? Les dispositifs politiques en vigueur dans la région MENA, comme le système confessionnel au Liban ou les quotas ethno-nationaux en Irak, offrent des avantages qui garantissent la représentation des minorités au niveau national. Les Sahraouis feraient bien de proposer des aménagements appropriés. Par exemple, ils pourraient exiger un nombre spécifique de sièges au Parlement marocain pour les représentants sahraouis. Ils pourraient exiger que le Premier ministre du Maroc (…) soit toujours un Sahraoui.»
On croit rêver. Il y a là au moins quatre absurdités.
1. En comparant le Maroc au Liban et à l’Irak, l’auteur commet une grave erreur. Il semble ignorer que, Dieu merci, nous ne connaissons pas les profondes divisions confessionnelles qui affectent ces deux pays et qui les ont menés plus d’une fois à la guerre civile. La tamaghribit est un fait et, à part une petite minorité juive qui vit en paix au sein d’un peuple dont elle fait intégralement partie, il n’y a qu’une seule confession ici: sunnite malékite. Il n’y aura jamais chez nous de massacre de la Saint-Barthélemy.
2. L’auteur semble croire qu’il existe un «peuple» sahraoui génétiquement distinct du reste des Marocains et qui se trouverait aujourd’hui à Tindouf. Faux: il y a des Sahraouis de part et d’autre de la frontière artificielle tracée dans le sable par les puissances coloniales quand elles ont dépecé l’Empire chérifien. En fait, il y a des Sahraouis partout au Maroc.
3. L’article 47 de la Constitution du Royaume du Maroc dispose ceci: «Le Roi nomme le Chef du Gouvernement au sein du parti politique arrivé en tête des élections des membres de la Chambre des Représentants.» L’étrange proposition de Th. Hill («… que le Premier ministre soit toujours un Sahraoui…») violerait donc la Constitution. Rien que ça!
4. De plus, sa proposition est numériquement cocasse, si l’on ose dire. En effet, il écrit lui-même qu’il y aurait quelques 173.000 Sahraouis à Tindouf (je ne sais d’où il tire ce chiffre, qui me semble exagéré). Or, il y a près de 40 millions de Marocains. Un simple calcul fait sur la nappe d’une table du restaurant où je suis en train d’écrire ce billet montre que les Sahraouis retenus à Tindouf ne représentent que 0,4 % de la population du Maroc. Ainsi donc, il faudrait réserver le poste de Premier ministre à 0.4% des Marocains? Et 99,6% en seraient automatiquement exclus?
Bref, Thomas M. Hill a fait une analyse correcte de la situation en concluant que la fin de ce conflit artificiel est proche. Mais pour ce qui est de la mise en œuvre du plan d’autonomie, ses propositions insolites montrent qu’il faut d’abord faire un grand nettoyage du printemps: il faut laver les esprits de tout ce que la propagande de nos adversaires y a déposé de bobards, de scories et d’exagérations. Vaste programme…