La vie rêvée d’un baron de drogue… en prison !

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Revue de presseKiosque360. Une enquête récente de la délégation des prisons au pénitencier de Moul Lbergui à Safi aurait levé le voile sur de graves dépassements. Entre autres conclusions, les barons de drogue, et surtout Bine Louidane, y mènent des vies de nababs.

Le 13/03/2015 à 05h29

La direction de la prison de Moul Lbergui, à Safi, a procédé à une vaste opération de fouille des cellules de ce centre pénitentiaire célèbre pour abriter de dangereux criminels comme de grands barons de drogue, mais aussi une bonne partie des terroristes ayant perpétré l’attentat contre le café Argana à Marrakech. Cette fouille, de grande ampleur, intervient suite aux protestations de plusieurs détenus contre les privilèges dont bénéficient certains prisonniers, comme l’explique Al Akhbar dans son édition de ce vendredi 13 mars.

Selon ce journal, cette fouille, accompagnée de la confiscation d’appareils électroniques et électroménagers, ne serait que de la poudre aux yeux. Explication : elle serait intervenue pour anticiper l’arrivée d’une mission d’inspection décidée, au niveau central, par le Délégué général de l’Administration pénitentiaire et de la réinsertion (DGAPR). Puisque rien ne surprend plus au Maroc, les détenus «5 étoiles» ont accepté de se laisser confisquer des smartphones, des tablettes et autres denrées alimentaires de luxe que, selon Al Akhbar, de somptueuses voitures acheminent régulièrement à la prison Moul Lbergui.

Passe-droits à tous les étages

Lesdits avantages bénéficient essentiellement à de célèbres trafiquants de drogue comme Chrif Bin Louidane (Kharraz de son vrai nom) , ainsi que ses frères appréhendés au milieu des années 2000, Mahfoud Akouzal et Said Tchach. N’ayant aucune raison de lésiner sur les moyens, ces derniers mènent, selon Al Akhbar, une vie de princes dans cette prison réputée parmi les moins «conseillées» au Maroc. Mais, explique le journal, une fois terminée la mission d’inspection dépêchée sur place par Mohamed Salah Tamek, patron de la GDAPR, la vie a repris son cours de tous les jours et les détenus nantis ont pu recouvrer tous leurs «droits ». Comme les dealers de toutes sortes ont pu reprendre leur business de tous les jours : de la drogue qui se vend comme des petits pains, des cigarettes et des cartes de recharge. Mais surtout des téléphones portables cédés contre 2.000 DH alors que, sur le marché «normal», leur prix ne dépasse pas les 150 DH.

Cette situation devient intenable, et pour la direction de la prison safiote et pour la DGAPR. Il y a quelques jours, pour protester contre les traitements de faveur accordés à une catégorie de prisonniers au détriment d’autres, des prisonniers ont tenté de se suicider (une tentative a abouti), au moment où d’autres ont choisi de manifester leur ire en se cousant les lèvres, sans parler d’autres détenus qui ont investi la terrasse du pénitencier pour faire aboutir leurs doléances.

Par Abdeladim Lyoussi
Le 13/03/2015 à 05h29