Le dossier de l’ex-directeur général du CIH, Khalid Alioua, a été déterré par un nouveau juge d’instruction après avoir hiberné pendant sept ans dans les tiroirs de la Cour d’appel de Casablanca. Le mis en cause, poursuivi pour dilapidation des deniers publics, a reçu une convocation pour être auditionné la semaine prochaine. Selon certaines sources, la comparution de Alioua survient après la réouverture de plusieurs dossiers relatifs aux crimes financiers, en suspens dans plusieurs tribunaux. Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rappelle, dans son édition du mardi 18 février, que l’ex-ministre avait été incarcéré en juin 2012, en compagnie de 4 prévenus, avant d’être relâché le 4 mars 2013.
Alioua, qui avait bénéficié d’une autorisation exceptionnelle pour assister aux obsèques de sa mère, n’a plus jamais réintégré sa cellule. Du coup, le dossier a été gelé et le rythme de l’enquête a été émaillé de longues interruptions. L’autorisation exceptionnelle de sortie de prison accordée à Alioua s’est ainsi transformée en liberté provisoire. La dernière séance d’instruction a eu lieu le 28 novembre 2018, quand l’ex-patron du CIH a été aperçu en compagnie de son avocat, Driss Lachgar, dans les couloirs de la Cour d’appel de Casablanca.
Le quotidien Assabah, qui traite le même sujet dans son édition du mardi 18 février, indique que, sept ans plus tard, ce dossier a été confié au juge d’instruction Abdelhamid Rassiane, chargé des crimes financiers au sein de la 4e Chambre près la Cour d’appel. Le dossier de Alioua est le seul à avoir hiberné aussi longtemps dans le tribunal sans même faire l’objet d’une poursuite ou d’un classement sans suite. L’ex-directeur du CIH est poursuivi dans cette affaire en compagnie de trois accusés qui ont également bénéficié de la liberté provisoire. Au cours des premières investigations, plus de 60 témoins, dont des proches de Alioua, ont été entendus par les enquêteurs. Des fonctionnaires, des salariés d’hôtels appartenant au CIH et des promoteurs immobiliers ont été interrogés sur les conditions de leur obtention de nouveaux crédits, alors qu’ils avaient de lourdes créances en souffrance auprès du CIH.
C’est un rapport accablant de la Cour des comptes sur la gestion du CIH qui a été à l’origine d’une enquête diligentée par la BNPJ. Ledit rapport avait révélé plusieurs dysfonctionnements et malversations financières, notamment des crédits accordés sans aucune garantie, des ventes de biens immobiliers du CIH à des prix inférieurs à leur valeur réelle, ainsi qu’une absence de transparence lors des transactions directes ou via les appels d’offres. L’ex-patron du CIH a été personnellement épinglé par la Cour des comptes pour avoir bénéficié gratuitement de suites d’hôtels de luxe et avoir acheté deux appartements du CIH à des prix modiques.