Jeunes touristes scandinaves assassinées à Imlil: pourquoi le drame aurait pu être évité

A Imlil, le chagrin et la consternation sont sur tous les visages après le meurtre crapuleux de deux touristes scandinaves.

A Imlil, le chagrin et la consternation sont sur tous les visages après le meurtre crapuleux de deux touristes scandinaves. . AFP

Le crime abominable dont deux jeunes touristes scandinaves ont été victimes à Imlil porte, par sa singulière sauvagerie, la marque indélébile de Daech. Voici comment deux jeunes aventurières se sont retrouvées au mauvais endroit, au mauvais moment.

Le 20/12/2018 à 09h37

D’un côté, une organisation résolument terroriste, qui ne cesse de déployer tous les moyens possibles et imaginables, et avec une folle énergie, pour s’installer dans un territoire. Le Maroc. Qui résiste, et bien, depuis toujours.

De l’autre, deux courageuses aventurières. Une Danoise et une Norvégienne, respectivement âgées de 24 et 28 ans. Destination, le Toubkal, le plus haut sommet d’Afrique du nord, certainement l’un des plus beaux endroits au monde. Plus qu’un challenge, c’est une expérience humaine que l’on vient chercher ici.

Entre les deux, dans cette sordide histoire qui secoue actuellement le royaume, une population locale qui a fait siennes les valeurs d’hospitalité, qui vit avec ces randonneurs en quête de sensations fortes, de dépaysement et d’authenticité. L’admiration est mutuelle. Le respect, réciproque.

C’est cette pure innocence que le terrorisme est venu pulvériser en mille morceaux, la machine sanguinaire de Daech a en effet brisé la beauté de ces rencontres.

Car c’est bel et bien de Daech dont il s’agit: ses marques ne sont que trop présentes dans cet horrible drame, qui ont plongé les habitants de la douce localité d’Imlil dans le choc, ces derniers jours.

Mais il y avait une faille, tous les guides du Routard vous le confirmeront, et les aventuriers les plus audacieux ne le savent que trop. Un voyage, dans une zone inconnue, cela se prépare. Passer un mois dans une région isolée, cela s’anticipe. Pas forcément en s’armant d’un kit de survie, mais parfois, en demandant simplement conseil à un guide local. Ces jeunes touristes ont oublié que le tourisme d’aventure s’effectue dans des périmètres sécurisés, en compagnie de guides locaux qui connaissent le terrain.

Les deux victimes étaient amies, Louisa Vesterager Jespersen, une étudiante danoise de 24 ans et Maren Ueland, une Norvégienne de 28 ans. Elles ont choisi l’aventure à l’état pur. Les nuits à la belle étoile. Il faut dire que le cadre s’y prêtait et que rien n’indiquait qu’une menace quelconque était à craindre.

Quatre suspects se cachaient là, formés à la haine, au crime, à la décapitation. Les deux Scandinaves, se promenant seules de jour comme de nuit, furent des proies idéales pour eux. Ce qui relevait de l’inimaginable tant pour elles que pour la région qui les accueillait, est arrivé. Un cauchemar que personne ne parvient encore à admettre.

Après l'arrestation d'un premier suspect lundi, trois autres, activement recherchés depuis, ont été appréhendés ce jeudi matin à Marrakech. Entre-temps, une vidéo montant une véritable boucherie dont aurait été l’objet une des deux victimes fait tache d’huile sur les réseaux sociaux.

"[Cette] vidéo, nous sommes en train de l'analyser sur le plan technique, nous ne pouvons pas encore confirmer ou démentir son authenticité…C’est une question d’heures", affirme une source au sein de la DGSN (Direction générale de la sûreté nationale).

Mais le mal est fait: deux personnes sont mortes des mains d’une terreur qui n’hésite plus devant rien. Par imprudence.

Par Tarik Qattab
Le 20/12/2018 à 09h37