Info Le360. Affaire Bennis-Alj-Slaoui: la présumée victime de viol a retiré sa plainte

Balance - justice

Rebondissement dans l’affaire qui oppose depuis plusieurs mois Sixtine Félix, ressortissante française, à Kamil Bennis, M’hamed Alj et Saâd Slaoui. Après avoir accusé Kamil Bennis de viol, la jeune femme vient de se désister de sa plainte, ce vendredi 7 mars, apprend Le360 de source proche du dossier.

Le 07/03/2025 à 20h50

Coup de théâtre. L’affaire des fils Bennis, Alj et Slaoui prend une tournure qui pourrait s’avérer décisive. Les trois hommes, accusés de viol et de complicité de viol par Sixtine Félix, une jeune juriste française, sont en détention provisoire à la prison d’Oukacha, à Casablanca, depuis le mois de novembre. Mais la jeune femme s’est désistée de sa plainte contre Kamil Bennis, ce vendredi, apprend Le360 d’une source proche du dossier.

La jeune femme s’est présentée ce jour, le 7 mars, devant un juge d’instruction à la Cour d’appel de Casablanca en compagnie de son avocate Khadija Rouggany, et en présence de Kamil Bennis, lui aussi accompagné de son avocat. Elle a déclaré au juge d’instruction se désister de sa plainte pour viol à son encontre, ajoutant qu’elle était inconsciente au moment de la fameuse soirée, organisée dans la maison du mis en cause, et que ce qu’elle avait relaté ne correspondait pas à la réalité, selon une source proche du dossier.

Un revirement inattendu

Le fiancé de la jeune femme, Mohamed Amine Naguib, avait également retiré sa plainte pour coups, blessures et séquestration à l’encontre des trois hommes au mois de décembre. Dans une interview à notre média le 31 décembre dernier, la jeune femme réagissait à cette annonce en déclarant: «Je ne peux pas parler en son nom, ni m’exprimer là-dessus. Me concernant, il est hors de question que je retire ma plainte. J’ai aussi la chance d’être française, de ne pas subir de pressions de la part de mon entourage, j’ai un travail… Les pressions peuvent difficilement fonctionner sur moi. En ce qui le concerne, c’est tout à fait différent mais je ne peux pas parler à sa place», déclarait-elle alors. Qu’est-ce qui a motivé ce revirement? Contactée par Le360, la défense de la jeune femme a confirmé l’information sans souhaiter la commenter.

Ce retournement intervient à l’issue de l’audience du 24 décembre, au cours de laquelle douze témoins auditionnés auraient réfuté les accusations de viol, et une semaine après les confrontations entre les accusés, la plaignante et les témoins.

Jeudi 27 février, face au juge d’instruction, rapporte le journal Assabah dans son édition du 5 mars, la jeune femme aurait maintenu sa version initiale des faits, affirmant avoir été victime d’un viol (dont elle ne se souvient pas, celle-ci assurant avoir été droguée au GHB, la drogue du violeur). Bien qu’il ait retiré sa plainte, son fiancé, Mohamed Amine Naguib, aurait également été confronté aux trois accusés par le juge d’instruction, alors qu’il est sous le coup d’une accusation de «violation du secret de l’enquête et de l’instruction de l’affaire» et se trouve en détention provisoire à la prison d’Oukacha depuis le 5 janvier 2025.

Plusieurs témoins présents à la soirée organisée chez Kamil Bennis auraient également été auditionnés par le juge d’instruction, corroborant pour certains la version des accusés, selon laquelle Mohamed Amine Naguib était extrêmement agité et aurait frappé sa compagne et l’ami sur les genoux duquel elle était assise.

De leur côté, les accusés ont continué de nier toute agression sur Mohamed Amine Naguib, ainsi que les faits de viol ou de participation au viol qui leur sont reprochés. Kamil Bennis, qui fait l’objet de la plainte pour viol, soutient depuis le début de l’enquête avoir eu une relation sexuelle consentie avec Sixtine Félix, et ne pas lui avoir administré de drogue.

Dans son interview pour Le360, Sixtine Félix affirmait avoir «un dossier constitué de preuves scientifiques solides» et expliquait quant à son dépôt de plainte au Maroc: «Si je n’avais pas foi dans le système judiciaire marocain, je n’aurais pas déposé plainte au Maroc. Au contraire, je crois totalement dans l’intégrité de ses institutions». Et de conclure alors, «je suis prête à aller jusqu’au bout de la procédure. Ce que j’espère, c’est une condamnation qui soit juste, proportionnée. Je veux être reconnue en tant que victime, que les autres soient reconnus en tant que coupables».

Si le juge d’instruction n’a pas encore statué sur les chefs d’inculpation définitifs, ni accordé de liberté provisoire aux accusés, le désistement de Sixtine Félix devrait accélérer le dénouement de cette affaire. À moins que l’action pénale ne soit poursuivie si le ministère public venait à considérer que les faits relèvent de l’intérêt général et que l’infraction commise est grave ou flagrante.

Par Zineb Ibnouzahir
Le 07/03/2025 à 20h50