Dans la place d'Assarag, à Taroudant, où déambulent aujourd'hui encore les habitants de la ville et des touristes, aussi bien marocains qu'étrangers, il n'y a plus de conteurs, et, de plus, les repères qui ont caractérisé ce qui faisait autrefois sa spécificité ont disparu...
Bien sûr, à chaque ville son agora (ou son forum), cœur battant de la cité et lieu d'échanges pour ses habitants. Taroudant ne déroge pas à cette règle immuable, forgée par des millénaires d'histoire dans le bassin méditerranéen, et en plus d'être un lieu chargé d'histoire, la place d'Assarag, en son centre, est l'un des hauts lieux de la rencontre des différentes catégories de la société qui composent cette petite cité de la vallée du Souss.
Abdelkader Al Samet, historien, rappelle les hauts faits qui ont eu lieu dans cette place, capitale dans l'histoire très ancienne de Taroudant: «cette place est l’une des plus importantes de l’histoire du Maroc, au vu de la noblesse et l’authenticité de Taroudant au fil du temps. Elle a également joué un rôle militaire prééminent, car à travers elle, les armées de la conquête islamique, dirigées par Oqba Ibn Nafi, sont entrées en l’an 62 pour s'acheminer vers l’Espagne. Cette place a également permis l’expulsion des armées portugaises de la ville d’Agadir, mettant fin au règne portugais».
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Bien que la place d’Assarag reste, aujourd’hui encore, le lieu de la rencontre des différentes catégories sociales de la ville et celle des générations, son patrimoine immatériel, caractérisé par la présence de cercles d'habitants qui formaient un auditoire attentif autour d'un conteur, a tendance à disparaître et sa perpétuation est aujourd'hui compromise.
«Ce site historique a une signification et un symbolisme particuliers pour tous les Marocains, car il accueillait des conteurs, des musiciens, des voyants, des prêcheurs, qui, à travers cette tradition orale du langage, incarnaient tout ce qui se rapportait à la vie sociale, lui conférant un semblant de ressemblance aux places Jamaa El Fna à Marrakech, Lahdim à Meknès, Bab Boujloud à Fès, et d'autres espaces bien connus au niveau national», a affirmé l'historien.
Lui aussi interviewé par Le360, Aziz Naam, chef du Conseil régional du tourisme de Taroudant, a pour sa part expliqué que «la place est le premier site visité par les touristes, qu'ils soient marocains ou étrangers. Mais aujourd'hui elle semble devenir de plus en plus marginalisée et mise à l’écart, en plus de ses repères qui commencent à disparaître». Selon ce fonctionnaire, «la préservation de ce lieu emblématique nécessite une mobilisation importante, de plusieurs intervenants».
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