GMT+1 toute l'année: les écoliers, et leurs parents, sont-ils prêts?

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Suite à l'adoption, ce vendredi, d'un projet de décret stipulant le maintien permanent de l'heure d'été en vigueur actuellement, le conseil de gouvernement a annoncé que les horaires de travail des écoles et des administrations seront reconsidérés. Voici l'avis du sociologue Mohssine Benzakour.

Le 26/10/2018 à 17h14

L'annonce a eu l'effet d'une bombe. La décision de l'adoption, par le conseil de gouvernement, ce vendredi, du projet de décret n °2.18.855 relatif à l’heure légale, stipulant le maintien permanent de l’heure d’été en vigueur actuellement, a pris tout le monde de court.

Se voulant rassurant suite aux critiques, le gouvernement a annoncé prendre une série de mesures visant à accompagner la mise en œuvre de cette mesure, notamment au niveau des établissements scolaires.

Dans une déclaration à le360, Mohssine Benzakour, sociologue marocain, nous fait tout d'abord part de son étonnement par rapport à cette décision qui a été prise de manière "précipitée" et a été "imposée" sans faire l'objet de débats au préalable et sans aucune concertation avec les citoyens.

"En Europe, la suppression de l’alternance de l’heure a été faite suite à une consultation publique en ligne. Au Maroc, on ne demande l'avis de personne. Et le résultat est là: on crée une psychose dans la société, comme en attestent les réactions que l'on a vues sur les réseaux sociaux", regrette-t-il.

S'agissant des écoliers, le sociologue marocain regrette que personne n'ait préparé les enfants pour faire face à ce changement. "Les écoliers seront perturbés dans le sens où il ne seront rassurés ni par leurs parents ni par l'administration de leur école. Nous avons tendance à oublier qu'il est difficile pour un enfant de gérer certains changements, surtout quand même leurs parents sont dépassés", poursuit-il.

Autre point évoqué par le sociologue, celui de l'horloge biologique. "Nous vivons au rythme de l’heure biologique, avec le lever et le coucher du soleil. Si les adultes sont impactés par le maintien de l'heure d'été, que dire des enfants?", poursuit-il.

Mohssine Benzakour évoque également le problème de sécurité que pose une telle décision dans certaines régions reculées et dans certains quartiers populaires. "Dans certaines régions où il n'y a pas de moyens de transport, d'éclairage public, des personnes vont devoir se réveiller dans le noir. En terme de sécurité, ça va être catastrophique", précise le sociologue tout en soulignant que "socialement, il y en a qui vont profiter de la situation pour augmenter les tarifs de transport. L'anarchie et les abus ne sont jamais loin".

Enfin, le sociologue marocain espère que les mesures annoncées par le conseil de gouvernement pour reconsidérer les horaires des écoles et des administrations "permettront aux élèves de rejoindre leur école lorsqu'il fait déjà jour et de quitter leur établissement avant le coucher du soleil". Mais aussi de "permettre aux parents d'accompagner leurs enfants à l'école le matin et l'après-midi."

Par Rania Laabid
Le 26/10/2018 à 17h14