Face aux tensions avec les VTC, les chauffeurs de taxis réclament une réforme du secteur

Des petits taxis alignés devant la gare ferroviaire de l'Oasis, à Casablanca. (Photo d'illustration).

Les syndicats des chauffeurs de taxi, réunis récemment à Casablanca, ont exprimé leur mécontentement face à la situation actuelle du secteur. Plaidant pour une refonte complète de la réglementation, notamment concernant les applications de véhicules de transport avec chauffeur (VTC), ils réclament des subventions pour soutenir leur activité.

Le 11/01/2025 à 13h13

Réunis à la Chambre de commerce, d’industrie et de services de Casablanca, les représentants de la Coordination nationale des syndicats du secteur des taxis ont appelé, lors d’une conférence de presse, à une révision globale du cadre juridique régissant leur profession. Estimant que le cadre juridique actuel, correspondant au dahir n°1-63-260 de 1963, est devenu obsolète face aux mutations technologiques et économiques actuelles, ils exhortent le gouvernement à réviser les textes afin de clarifier l’activité des taxis et de créer un environnement réglementaire propice à leur développement.

«Depuis sa création en 2017, la Coordination a œuvré à instaurer un dialogue avec les institutions concernées, qui a abouti à un accord portant sur huit points clés. Mais certaines dispositions, notamment celles de la circulaire n°750, restent injustes et menacent l’activité et la stabilité des professionnels», explique Mohamed Mchakhchakh, secrétaire national du Syndicat des taxis, affilié à l’Union nationale du travail au Maroc (UNTM).

Les syndicats dénoncent également l’annulation des contrats de délégation de permis d’exploitation, évoquant notamment le cas d’un chauffeur de Témara dont le contrat a été rompu après le décès du propriétaire de l’agrément, et ce malgré quatre années de validité restantes.

Toutefois, ce sont les plateformes de véhicules de transport avec chauffeur (VTC) qui constituent le point de discorde majeur entre les autorités et les professionnels des taxis. Les syndicats refusent à cet égard l’utilisation du terme «applications de transport», préférant parler de «transport clandestin». «Nous ne sommes pas opposés à la modernisation du secteur, bien au contraire. Nous soutenons l’intégration du numérique, mais à condition qu’elle se fasse sous la supervision de l’État et au service des taxis marocains», précise Ahmed Saber, du Syndicat des professionnels du secteur des taxis, affilié à l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM).

Pour faire face à la concurrence des VTC, qu’ils jugent déloyale, les syndicats proposent de développer une unique application mobile nationale, gérée par l’État et dédiée aux taxis. Selon eux, cette solution garantirait la transparence, la protection des données personnelles et surtout une concurrence loyale et réglementée.

Réclamant une réforme globale du secteur, la Coordination nationale des syndicats du secteur des taxis a identifié trois mesures prioritaires. Le premier porte sur la délivrance des licences d’exploitation directement aux chauffeurs professionnels, afin de clarifier leur statut et d’éviter les litiges liés aux agréments.

Le second concerne la mise en place de programmes de formation continue pour les chauffeurs, et leur intégration dans le système de protection sociale, incluant la couverture médicale et la retraite. Enfin, les syndicats demandent la reprise des programmes de soutien, notamment les subventions destinées au renouvellement des véhicules et celles liées aux frais de carburant, récemment suspendues.

Afin de formaliser ces mesures, les cinq syndicats membres de la Coordination ont demandé la tenue d’un forum national, réunissant toutes les parties prenantes. Objectif: ouvrir un dialogue avec les autorités, aborder les problématiques du secteur et définir les contours de la future réforme, devenue plus urgente que jamais.

Par Ryme Bousfiha
Le 11/01/2025 à 13h13