Traumatisés et sous le choc. Ce sont ces mots qu'utilisent tous ceux qui ont assisté à l'horrible soirée du vendredi 30 septembre dernier, au cours d'un concert de rappeurs de L’Boulevard.
Sur les réseaux sociaux, les témoignages se multiplient sur la violence inouïe qui a caractérisé le spectacle des rappeurs El Grande Toto, Mobydick et Dollypran, pour lesquels des hordes de fans se sont déplacés, parfois en provenance d'autres villes du Maroc.
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Bien avant le début du spectacle, le terrain de rugby du RUC où les concerts étaient programmés, était plein à craquer.
Vers 19h15, la porte principale ne pouvait déjà plus accueillir d'autres spectateurs à ce concert, alors que la foule continuait à se presser dans ces lieux. Le stade était, quant à lui, plein à craquer. Une grande partie de la foule s’est alors dirigée vers une petite porte, parfois réservée aux représentants de la presse.
C’est à ce moment précis qu'un débordement a eu lieu, à cause du grand nombre de personnes qui voulaient prendre cette entrée d'assaut, tant et si bien qu'à 20 heures les organisateurs ont été contraints de fermer l'ensemble des accès au stade.
S'en sont suivies des scènes de violence urbaine, où des individus, armés de sabres, en ont agressé d'autres... Mais il y a eu aussi, témoignent des femmes, des attouchements qu'elles auraient subi, ce dont témoignent aussi plusieurs internautes, qui font également état de scènes de chaos et de dégâts matériels.
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Sur Instagram, un fan de rap raconte de quelle manière son épouse et lui ont vécu ce qui s'est déroulé ce soir là: «alors que j’étais par terre, un individu a brandi une arme blanche et m’a sommé de lui remettre tout ce que j’avais sur moi. Il m'a dit que si on n’exécutait ses ordres, il allait nous tuer. Nous lui avons donné nos deux portefeuilles, notre iPhone, nos montres… Il a tout pris. On a vu la mort de nos propres yeux, on regrette amèrement d’être venus, en sachant que nous nous sommes déplacés de Marrakech pour assister à ce concert... Mais on allait mourir».
«Dès qu’ils voyaient une fille seule, non accompagnée, ils se permettaient de la toucher. Je n’avais jamais vu ça de ma vie. Ce terrain ne pouvait pas contenir tout ce monde, il aurait fallu un espace plus grand», raconte un autre internaute.
Dans une déclaration filmée et partagée sur la page Facebook de L'Boulevard, Mohamed Merhari, dit Momo, co-directeur artistique de ce festival, donne sa version des faits: «nous avons ouvert les portes à l'heure prévue, mais nous avons été surpris par l'affluence, à cause du fait que la programmation était lourde, avec trois rappeurs de grand calibre, dont les fans se comptent par milliers. Le stade était saturé aux environs de 20 heures et nous avons fermé les portes. Le problème, c'est que nous avions atteints 20.000 spectateurs à l'intérieur du stade, et dehors, il y en avait encore 60.000, selon les estimations, ce qui fait 80.000 spectateurs en tout... (...) Ils voulaient tous entrer...»
Momo tient aussi à signaler que ce qui a pu se dérouler ce soir-là n'est ni de la faute des organisateurs, ni de celle des agents de la police. «Ce qui s'est passé est le fait d'une bande qui n'a rien à voir avec la musique, et qui n'est pas venue pour écouter de la musique, ou pour danser», assure-t-il.
Pour le fondateur de L'Boulvard, «parmi tout ce monde, il y avait des bandes qui ne sont pas venues pour assister au festival, mais pour voler, casser, agresser, créer le chaos... Ils ont créé un problème sécuritaire à l'intérieur [du stade du RUC, Ndlr]. C'est ce qui s'est passé, et il y a eu une trentaine de blessés..»
Suite à plusieurs témoignages attestant de viols ce soir-là, les organisateurs du festival ont déclaré, dans un communiqué diffusé hier, samedi 1er octobre -le deuxième en l’espace d’une journée- qu’une procédure pour une demande officielle d’ouverture d’une enquête était en cours.
«L’association EAC-L’Boulvart prend très au sérieux les publications sur les réseaux sociaux faisant état de viols qui auraient été commis vendredi 30 septembre, lors du festival», indique ce communiqué, signé des organisateurs, selon lesquels «si nous ne nous exprimons que maintenant, c’est parce que nous cherchions à avoir plus d’informations sur ce qui a été publié, auprès des autorités compétentes, ainsi qu’auprès des internautes ayant alerté l’opinion publique».
L’équipe organisatrice de cet évènement annuel casablancais a conclu ce communiqué par une ferme condamnation de toutes formes de violences, y compris les violences sexistes et sexuelles.