Décharge de Médiouna: les eaux souterraines et les terres agricoles fortement dégradées à cause du lixiviat

Le lixiviat produit par la décharge de Médiouna.

Odeur nauséabonde, eaux souterraines polluées, terres impropres à la culture... C’est un véritable cauchemar que vivent au quotidien les habitants de la région de Médiouna à cause de la décharge et du lixiviat qu’elle produit. Témoignages.

Le 28/01/2023 à 16h42

Au-delà de la nuisance olfactive, d’autres problèmes rendent la vie difficile aux habitants de la région de Médiouna, à cause notamment de la production de lixiviat, ce liquide qui résulte de la fermentation des déchets solides enfouis.

En effet, les éleveurs et les agriculteurs de Médiouna assistent depuis plusieurs années à la détérioration de la qualité de l’eau souterraine et des terres devenues impropres à la culture, ce qui a poussé une grande majorité d’entre eux à abandonner leurs activités professionnelles.

«Nous ne trouvons plus d’eau potable pour notre cheptel. Nous sommes obligées d’aller chercher l’eau très loin. À cause de cela, nous avons dû abandonner l’activité d’élevage et nous n’avons plus de moyens de subsistance», déplore un éleveur interrogé par Le360. «Cette décharge nous rend la vie impossible, ajoute-t-il. Nous voulons qu’elle disparaisse, pour qu’on puisse enfin vivre de manière décente comme tout le monde.»

À cause du lixiviat, l’activité agricole a également été abandonnée et les terres avoisinant la décharge désertées, une situation qui participe à la détérioration de la qualité de vie des citoyens et empêche le développement économique de la région.

«Nous avons dû abandonner nos cultures. Toutes les terres ont été endommagées par le lixiviat. Nous disposons de grandes surfaces qu’on peut investir pour développer la région de Médiouna, mais les terres ont perdu toute leur valeur financière, on n’arrive même pas à les vendre», se plaint la propriétaire d’un domaine agricole dans la région.

Même son de cloche du côté d’une autre habitante rencontrée sur les lieux qui, en plus d’avoir perdu ses ressources financières, souffre de maladies respiratoires. Elle lance un cri du cœur: «La décharge de Médiouna nous rend la vie très difficile. Je suis malade, j’ai des problèmes respiratoires, mes enfants aussi, à cause des odeurs. On ne dort plus la nuit. À cause du lixiviat, nous avons dû détruire tous les puits et nous n’avons plus d’eau potable. Ça fait 40 ans qu’on vit un calvaire au quotidien.»

Par Fatima El Karzabi et Adil Gadrouz
Le 28/01/2023 à 16h42