Après avoir maîtrisé la situation épidémiologique durant plusieurs mois, et fait progresser sa campagne nationale de vaccination, le Maroc pourra entamer, après Aïd Al-Fitr, un allègement progressif, contrôlé et contrôlable, en toute sécurité, des mesures restrictives. Le but? Permettre un retour à une vie sociale, économique et commerciale plus souple, dans le cadre du plein respect des mesures préventives individuelles et collectives en attente de l'immunité collective. C'est en tout cas ce qu'affirme le Dr. Tayeb Hamdi, médecin. Selon ce chercheur en politiques et systèmes de santé, le plus grand risque pourrait venir d'un irrespect des gestes barrières de la part d’une partie de la population, ainsi que de rassemblements dans des espaces clos, dont les réunions familiales.
Cinq facteurs importants dictent la prise de décision relatives aux mesures restrictives, analyse le docteur en médecine: la situation actuelle (situation épidémiologique, taux de la population immunisée par la maladie ou grâce à la vaccination), les risques potentiels (la situation épidémiologique dans les pays voisins et dans le monde, l'existence de nouvelles souches et de mutations du virus, de nouvelles données scientifiques …), la résilience du système de santé, le comportement des citoyens (respect des gestes barrières et des restrictions, comportement citoyen responsable ...), et, enfin, la capacité du pays à affronter le risque d’une situation épidémiologique incontrôlable et ses conséquences (sur le plan économique, social et sécuritaire. ..).
«Au Maroc, les indicateurs sont actuellement au vert: une moyenne de moins de 500 nouveaux cas par jour, une incidence en 24 heures inférieure à 1 pour 100.000 habitants, un taux d’occupation des lits de réanimation COVID 19 d'environ 7%, des décès moins de 10 par jour, des fois zéro décès, un taux de positivité compris entre 3 et 4%», énumère le Dr Hamdi.
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A ce jour, environ six millions de Marocains ont reçu au moins leur première dose du vaccin, et quatre millions et demi ont reçu une vaccination complète. Il y a eu plus d'un demi-million de nouveaux cas confirmés par un test PCR, et grâce au succès de la campagne nationale et à la structure jeune de la population, «nous atteignons aujourd'hui la tranche d'âge de 50 ans, sachant que la vaccination de ces groupes d'âge et ceux porteurs de maladies chroniques réduit considérablement le nombre de cas critiques et de décès», constate le chercheur.
Seul bémol, la présence du variant britannique et sa propagation, qui est plus rapide, et la présence, même cernée, de deux cas du variant indien. «Mais ce qui inquiète le plus, c'est le comportement d’une partie non négligeable de la population, qui se comporte comme si l'épidémie a été vaincue, sans aucune observance des conditions minimales de prévention», alerte Tayeb Hamdi. Un tel comportement représente un grave facteur de risques qui a conduit d’autres pays à des drames. Conséquence: un risque de retour à des mesures très restrictives.
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L’assouplissement des mesures est désormais nécessaire et ce, à travers mesures graduelles:- l'allègement des mesures pourrait débuter après Aïd Fitr.- L’assouplissement doit s’opérer progressivement, en termes d'activités et d’horaires, par exemple, rouvrir les cafés et les restaurants jusqu'à 21 heures (GMT +1), puis plus tard.- Le respect total par toute la population et des établissements des mesures préventives individuelles et collectives, et un fort retour des autorités locales, de sécurité et de la société civile dans l’espace public pour sensibiliser et faire respecter ces mesures.- Une surveillance épidémiologique accrue et une vigilance génomique suivie de très près.- Une adaptation des procédures à la situation épidémiologique selon les réalités régionales et locales.
Aujourd'hui, les données scientifiques confirment qu’on peut briser complètement la courbe de l'épidémie, en évitant les espaces clos et en privilégiant les activités en plein air, la distanciation, le port correct des masques, et en observant l’hygiène des mains trois ou quatre fois par jour, rappelle le Dr Hamdi. «Les expériences d’autres pays nous apprennent que négliger ces mesures conduit à des catastrophes épidémiques», conclut ce médecin.