Covid-19 au Maroc: hausse inquiétante du nombre de cas admis en réanimation

Un patient en réanimation.

Un patient en réanimation. . DR

Au Maroc, le nombre de cas sévères touchés par le Covid-19 hospitalisés est en fort rebond depuis deux semaines: du 14 juin dernier au 4 juillet 2022, le pays est passé de 37 à 169 hospitalisations. Le point avec le Dr. Saïd Afif.

Le 05/07/2022 à 19h34

Au Maroc, le Covid-19 et ses multiples variants semblent faire leur grand retour, et avec eux, leur lot d’angoisses et d’incertitudes. Depuis deux semaines, dans l’ensemble du Royaume, c’est à une hausse inquiétante des cas hospitalisés que l'on assiste.

En une vingtaine de jours seulement (14 juin-4 juillet 2022), comptez un bond de 37 lits à 169. Au cours de cette même période, le taux d’occupation des lits de réanimation dédiés aux personnes contaminées a augmenté de 0,7% à 3,2%.

Le Dr. Saïd Afif, membre du comité scientifique et technique en charge de la vaccination, explique que l'ensemble des profils admis en réanimation ne présentent pas un schéma vaccinal complet. «La majorité des personnes admises en réanimation n’a toujours pas reçu sa troisième dose. Sur les 5 décès enregistrés le mercredi 22 juin dernier, 3 n’avaient reçu aucune des trois doses», avertit ce médecin.

En plus des personnes non vaccinées ou n’ayant toujours pas complété leur schéma vaccinal (une dose administrée tous les 6 à 8 mois), l’expert de santé précise que les personnes âgées, vulnérables, et celles atteintes de maladies chroniques sont encore plus exposées aux risques d'une contamination, surtout que la vague actuelle est dominée par le sous-variant BA.5.

«Pour les nouvelles admissions en réanimation, il y a des patients qui n’ont toujours pas reçu leur troisième dose, le «booster». Ajoutons à cela, les sujets âgés et ceux atteints de maladies chroniques, notamment les diabétiques, qui sont plus à risque, d’où l’importance de la vaccination qui protège à hauteur de 80%», décrit le Dr. Saïd Afif.

Pire encore, selon ce médecin, près de 2 millions de personnes âgées de plus de 60 ans n’ont toujours pas reçu leur troisième dose d'un vaccin. Même chose pour les 75 ans et plus, dont le nombre est d'environ 300.000, pour ceux qui n’ont pas eu leur dose «booster».

«La 3ème dose permet d’acquérir une immunité après trois jours, contrairement aux deux premières où il fallait attendre 15 jours, d’où la nécessité de se faire vacciner avant l’Aïd, et éviter une forte recrudescence des cas pendant cette période», précise le Dr Afif.

«Le virus circule plus vite, parce que le sous-variant Omicron, qui est le BA.5, est plus contagieux, puisqu’une personne en contamine 13 autres, ce qui n’était pas le cas pour Omicron (1 personne en contamine 8), ou encore Delta (1 personne en contamine 5)», explique-t-il.

Il faut aussi savoir que deux autres indicateurs épidémiologiques sont également dans le rouge: le taux de positivité par jour, et le nombre de cas actifs (qui portent le virus et qui circulent), qui, tous deux, n’ont cessé d’augmenter.

«Il y a un mois et demi, le taux de positivité par jour était de 1%, et à la date d’hier, lundi 4 juillet, il a atteint 24%. Le nombre de cas actifs était de 500, il y a un mois et demi de cela, alors qu’aujourd’hui, nous sommes à plus de 24.000», décrit le médecin. 

S’agissant des personnes totalement vaccinées, ayant donc reçu trois doses d'un vaccin, celles-ci ont de faibles chances d'atterrir dans un service de réanimation. Le Dr. Saïd Afif incite donc l'ensemble des habitants du Maroc à poursuivre leur schéma vaccinal, voire à recevoir une 4e dose, tout particulièrement pour éviter toute complication en ce qui concerne les personnes âgées de plus de 60 ans, vulnérables et atteintes de maladies chroniques.

«Il est recommandé que celles-ci reçoivent leur quatrième dose qui, rappelons-le, n’est pas obligatoire, mais nécessaire, car elle confère encore plus d’immunité. Le virus n’est pas virulent, mais il peut être mortel pour cette catégorie de personnes», avertit le docteur.

Pour le Dr. Saïd Afif, la vaccination reste la principale arme pour éviter des catastrophes. Il insiste donc, pour la énième fois, auprès de tous ceux n’ayant pas complété leur schéma vaccinal de le faire le plus tôt possible, pour se protéger et protéger leur environnement.

Rappelons que dans le cadre de l’actualisation de la Stratégie nationale de Vaccination, le ministère de la Santé a recommandé, dans une circulaire adressée le 1er juillet dernier à l’ensemble des directeurs régionaux de la Santé, l’injection d’une quatrième dose de vaccin anti-Covid-19 pour faire face à une flambée de cas au cours de cette période estivale.

Selon ce document, «les services de santé doivent saisir l’opportunité du démarrage de la saison estivale afin de promouvoir la vaccination contre la Covid-19, aussi bien la première et deuxième dose que pour la dose booster et de rappel». 

Le département que dirige Khalid Aït Taleb a également appelé à la consolidation des mesures préventives par le port correct du masque sanitaire, notamment dans les espaces fermés ainsi que lors des rassemblements, par le lavage des mains et par la distanciation physique.

Par Yousra Adli
Le 05/07/2022 à 19h34