Le Maroc a légalisé et réglementé l’usage du cannabis, mais la production et la commercialisation de médicaments dérivés de cette plante sont en retard de quatre ans, indique Redouane Rabii, président de l’Association marocaine consultative de l’utilisation du cannabis (AMCUC).
«Le Maroc a bien fait de légaliser et de réglementer le cannabis. Ses bienfaits à des fins médicales ont été prouvés scientifiquement», a-t-il affirmé. Mais, selon lui, «jusqu’à maintenant, aucun médicament n’a été produit ni mis sur le marché. Il y a certes des compléments alimentaires, mais aucune précision sur la fabrication et la traçabilité des médicaments à base de cannabis». Au final, cela a entraîné à la fois «un retard et un problème pour les maladies chroniques comme le cancer et l’épilepsie rebelle».
Selon lui, le laboratoire Pharma5 a obtenu l’autorisation de mise sur le marché d’un générique, mais pas l’autorisation d’importer le produit pour le fabriquer. La résolution de ce dossier doit se faire entre le ministère de la Santé et l’Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis.
À la question de savoir quels étaient les arguments de ces parties au sujet du retard et du blocage pour produire des médicaments à base de cannabis, le professeur a répondu textuellement: «Nous n’arrivons pas à comprendre, car même les parties concernées ne comprennent pas. Et ici, nous devons penser à nos citoyens car il s’agit d’agir rapidement et de façon cohérente.»
Lors du premier congrès de l’Association sur le cannabis, SOTHEMA, Pharma5 et d’autres laboratoires étaient très intéressés par le volet médical. Mais malheureusement, jusqu’à présent, aucun produit n’a été créé. «Lors de nos récentes rencontres sur l’épilepsie, nous avons lancé un appel citoyen pour importer ce produit et le mettre sur le marché, mais nous n’avons rien vu», a-t-il déploré avant de mettre en relief le lancement en 2022 d’un programme de formation dans le cannabis médical. «Nous avons formé plus de 500 médecins et plus de 200 pharmaciens et signé des conventions avec la Fédération des pharmaciens du Maroc et avec des médecins généralistes, sans oublier l’échange d’expertises avec d’autres pays».
Le président de l’AMCUC a félicité l’Agence pour avoir organisé les agriculteurs en coopératives et mis en place un cadre légal. Cependant, il a déploré le manque d’attention portée aux aspects scientifiques et de recherche qui devraient accompagner ce processus.
Le professeur Redouane Rabii a regretté le manque d’implication des experts en recherche et en médecine de la part des autorités. Il a conclu en insistant sur la nécessité d’aider les agriculteurs à cultiver le cannabis dans de bonnes conditions, car une plante destinée à des fins médicales doit être traitée avec un soin particulier et une infrastructure appropriée.








