L’arbitrage tant attendu est tombé. Le Souverain a adopté une position médiane consistant à interdire l’avortement, sauf dans trois cas. Assabah, qui a consacré sa Une au sujet dans l'édition du 18 mai, a précisé ces cas : malformation du fœtus, danger sur la santé de la mère, grossesses issues d’un viol ou d’un inceste.
La voix de la majoritéDans son arbitrage, le Souverain affirme que la majorité des forces vives de la Nation tend vers l’interdiction de l’avortement. Le roi a donné ses instructions aux ministres concernés pour traduire les résultats du débat national en mesures législatives qui seront incorporées dans le Code pénal en cours de préparation. Assabah a publié une série de réactions contrastées sur le sujet. Au moment où Chafik Chraïbi, président de l’Association marocaine de lutte contre l’avortement illégal, assure que la porte de l’avortement clandestin demeurera ouverte, Aïcha Echenna estime que le roi a attrapé le bâton par le milieu, allusion faite à sa position médiane. Abdeslam Bellaji, un dirigeant du PJD, considère que l’autorisation de l’avortement en cas d’inceste requiert un débat à part.
Les progressistes dépitésAkhbar al yaoum, lui, évoque ce lundi 18 mai en couverture la déception du camp des progressistes, des défenseurs des Droits de l'Homme et des politiques après l’arbitrage. Et ce, au moment où les milieux islamistes et conservateurs ont accueilli favorablement cette prise de position car ils craignaient une large légalisation de l’IVG. Akhbar al yaoum a rapporté les premières réactions de plusieurs personnalités postées sur les réseaux sociaux, comme celle de l'historien et écrivain Mohamed Ennaji qui a fustigé et cloué au pilori les forces progressistes et les partis de gauche qu’il accuse d’êtres des poupées entre les mains des sphères dominantes. Khadija Rouissi, de son côté, n’a pas mâché ses mots sur Facebook. « Les obscurantistes ont commencé à enregistrer victoire après victoire…»Interpellé à son tour, Chafik Chraïbi déclare que les trois exceptions ne représentent qu’entre 5 et 10 % des cas d’avortements illégaux. S’y cantonner ne résoudra nullement le problème, selon lui. Latifa El Bouhssini, professeur universitaire, estime que les conclusions publiées sont insatisfaisantes car ayant occulté les grossesses issues de relations sexuelles entre personnes consentantes.Maintenant que le verdict royal a été rendu, il reste aux différentes parties de traduire ces orientations en actes, tout en essayant de préciser certaines notions vagues comme les périls pouvant guetter la mère.