Argent contre diplôme: un nouveau scandale secoue l’université

Diplôme.

Diplôme.

Revue de presseÀ Marrakech, un professeur universitaire et figure politique a été placé en détention préventive pour trafic de diplômes universitaires. L’affaire révèle une fraude institutionnalisée qui ronge l’enseignement supérieur. Cet article est tiré d’une revue de presse d’Al Akhbar.

Le 16/05/2025 à 21h49

Le juge d’instruction près la cour d’appel de Marrakech a placé en détention préventive un professeur d’université et dirigeant politique, soupçonné d’avoir orchestré un vaste réseau de fraudes dans l’accès aux masters et de vente illicite de diplômes contre rémunération.

Cette décision relance avec acuité le débat sur la corruption endémique au sein des institutions académiques, menace directe à l’égalité des chances et à la légitimité des parcours universitaires.Cette affaire ne serait que la partie émergée d’un système bien rodé: des intermédiaires (samsaras) négocient des diplômes de master entre 70.000 et 90.000 dirhams, et des doctorats jusqu’à 150.000 dirhams, souligne l’éditorialiste d’Al Akhbar dans son édition du week-end (17 et 18 mai).

Pis encore, certains enseignants confieraient à ces réseaux parallèles la rédaction intégrale de mémoires ou de thèses, réduisant l’étudiant au rôle de spectateur d’un processus académique vidé de sens.

Ce trafic, longtemps occulté par un silence complice, a provoqué l’exaspération des étudiants dénonçant une privatisation scandaleuse des savoirs. Les diplômes, censés incarner l’excellence et le mérite, seraient ainsi transformés en marchandises soumises aux lois du marché, au détriment de la compétence et de l’intégrité scientifique. «Un crime contre la nation», tonne l’éditorialiste d’Al Akhbar, rappelant que cette gangrène sape la crédibilité des universités, pourtant présentées comme «locomotives du développement».

Si des enquêtes antérieures avaient déjà conduit à l’arrestation d’intermédiaires, la présente affaire met en lumière la collusion supposée de certains acteurs institutionnels.

Ce scandale rappelle une évidence: l’université ne peut être à la fois le sanctuaire du savoir et le théâtre de combines indignes. La lutte contre cette corruption académique n’est pas seulement une question de justice, c’est un impératif moral pour préserver l’âme même de l’éducation.

Par Hassan Benadad
Le 16/05/2025 à 21h49