Ahmed Reda Chami: «8 millions de Marocains ne bénéficient pas de l’AMO»

Ahmed Reda Chami, président du Conseil économique, social et environnemental.

Revue de presseLors d’une intervention devant les conseillers de la deuxième chambre, le président du CESE a révélé que 8 millions de Marocains restaient exclus du régime de l’AMO. Une revue de presse tirée du quotidien Al Ahdat Al Maghribia.

Le 18/02/2025 à 20h01

Encore 8 millions de Marocains toujours exclus du régime de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO), dont environ 5 millions n’y sont pas inscrits et près de 3,5 millions se retrouvent en situation de «droits suspendus», malgré leur inscription. C’est ce qu’a révélé Ahmed Reda Chami, président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), devant la Chambre des conseillers.

Dans son édition du mercredi 19 février, Al Ahdath Al Maghribia rapporte les principales conclusions présentées par Ahmed Reda Chami devant les conseillers. Il a, notamment, expliqué que la quote-part des dépenses de santé supportée par les assurés demeure élevée, atteignant parfois 50%. Ce niveau dépasse largement les recommandations internationales de l’Organisation mondiale de la santé et de la Banque mondiale, qui préconisent un seuil de 25%. Cette situation n’est pas sans conséquences, puisqu’un taux aussi élevé contraint certains assurés à renoncer à des soins essentiels en raison de leur coût prohibitif.

Par ailleurs, Ahmed Reda Chami a souligné, dans son analyse du système de couverture médicale, «qu’une grande partie des dépenses d’assurance santé est dirigée vers des établissements privés, en raison du manque d’infrastructures dans le secteur public. Cette tendance contribue à l’augmentation des coûts des soins, lesquels peuvent parfois être multipliés par cinq en l’absence de protocoles de soins obligatoires».

Ce n’est pas la première fois que le président du CESE alerte sur ce sujet. Al Ahdath Al Maghribia rappelle qu’il avait déjà insisté sur la nécessité de rendre l’inscription au système d’assurance maladie obligatoire pour tous, d’éliminer les «droits suspendus» et de diversifier les sources de financement du système afin d’assurer sa pérennité. Son objectif principal demeure la garantie d’une couverture santé intégrale pour toutes les catégories sociales, tout en maintenant un équilibre entre les finances des ménages et la viabilité du système.

Dans cette perspective, Ahmed Reda Chami considère qu’il est essentiel d’améliorer le taux de remboursement des frais médicaux, notamment pour le dépistage précoce des maladies graves telles que les pathologies cardiaques et le cancer. Il recommande également d’assurer un remboursement total des examens médicaux essentiels à des âges et étapes critiques, sur la base de recommandations spécifiques.

Évoquant la situation financière des régimes d’assurance, ajoute Al Ahdath Al Maghribia, le président du CESE a indiqué que les régimes d’assurance dédiés aux salariés du secteur privé et le programme AMO TADAMON ont atteint un équilibre financier en 2023. Cependant, il a précisé que d’autres régimes souffrent encore de déficits techniques importants. C’est le cas de l’AMO dédiée aux travailleurs indépendants, qui affiche un déficit technique de 172%, ainsi que de l’AMO du secteur public, dont le déficit s’élève à 121%. Comme le souligne le quotidien, ces déficits affectent directement la capacité des systèmes à indemniser les bénéficiaires et à garantir un accès optimal aux soins pour les assurés.

Par Fayza Senhaji
Le 18/02/2025 à 20h01