AMO et révision de la tarification nationale de référence: ce qui change (ou pas) pour les cliniques privées

Redouane Semlali, président de l’Association nationale des cliniques privées (ANCP).

Le 01/04/2023 à 15h44

VidéoAvec la généralisation de l’Assurance maladie obligatoire (AMO), l’effectif global des assurés de la CNSS est passé à plus de 23 millions de personnes en 2022, contre 7,8 millions une année auparavant. Cette hausse de nombre d’assurés a-t-elle entraîné un accroissement d’activité dans les structures privées de soins? La réponse avec Redouane Semlali, président de l’Association nationale des cliniques privées (ANCP).

En l’espace d’une année, l’effectif global des assurés de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) est passé de 7,8 millions à plus de 23,2 millions, notamment grâce à l’affiliation de 3,68 millions de travailleurs non-salariés et leur ayant-droits, et de 9,4 millions de bénéficiaires de l’AMO Tadamon. Cette progression spectaculaire a-t-elle généré une augmentation de l’activité dans les établissements de soins privés? La réponse serait négative, selon Redouane Semlali, président de l’Association nationale des cliniques privées (ANCP).

Aucun impact sur l’activité des cliniques

Pour Redouane Semlali, les cliniques n’ont perçu aucun changement ni augmentation significative dans le nombre des patients pris en charge. «Aujourd’hui, nous vivons une pseudo-récession économique qui a diminué le pouvoir d’achat d’une bonne partie de la population marocaine. C’est ce qui explique, tout d’abord, une baisse des dépenses de santé. Il faut aussi savoir que plusieurs personnes ne sont pas informées qu’elles peuvent désormais bénéficier d’une couverture médicale. Pour y remédier, il faudra mener de plus en plus d’actions de communication», fait-il savoir.

«Certains bénéficiaires sont en train d’intégrer l’AMO Tadamon. Pour d’autres, la procédure est méconnue ou un peu difficile en raison de quelques blocages. Mais je pense que l’activité pourrait prochainement prendre de l’ampleur. C’est un chantier très important qui figure parmi les instructions de Sa Majesté pour permettre aux citoyens marocains d’accéder aux soins. Et grâce à cette nouvelle mesure, nous remarquons que beaucoup de malades ont intégré le secteur privé, notamment pour certaines pathologies lourdes et les maladies cardiovasculaires», poursuit-il.

Avec la généralisation de l’AMO, de plus en plus de personnes s’attendent à une révision de la tarification nationale de référence (TNR) sur laquelle s’effectuent les remboursements des frais de santé. Où en est-on donc? Redouane Semlali rappelle qu’il s’agit d’une décision tant attendue par les citoyens et les prestataires de soins.

Une tarification inchangée depuis 2006

Il ajoute que depuis 2006, la TNR n’a pas été révisée et ce, même si la loi n°65-00 portant Code de la couverture médicale de base instaure une révision tous les trois ans, afin d’accompagner la hausse du prix des prestations au fil du temps et l’incorporation des nouveaux actes médicaux.

Rappelons que les patients paient actuellement plus de 54% des montants des prestations de leur propre poche. D’où l’importance de la révision de la TNR, laquelle doit être calculée sur la base du coût de chaque acte médical. Ceci permettrait aux patients de payer moins, puisqu’ils sont assurés à 80%.

«La tarification nationale actuelle est dépassée sur tous les plans. Il est inconcevable qu’on puisse travailler avec les mêmes tarifs depuis 2006. Rien qu’en prenant en compte l’inflation, une revalorisation de 40 à 50 % de ces tarifs est nécessaire. Il faudrait aussi élargir le panier de soins pris en charge», signale le président de l’ANCP.

Récemment, l’Association professionnelle avait d’ailleurs appelé au déplafonnement des cotisations à la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS). Une mesure que Redouane Semlali considère comme très importante.

«Quand on opère un benchmark des taux de cotisation, on se rend compte que celles-ci varient entre 70 et 400 dirhams au niveau de la CNOPS, contre un montant moyen de 300 à 400 dirhams à la CNSS. Cela crée des déséquilibres à la CNOPS et c’est notamment ce qui bloque la revalorisation des actes médicaux», regrette-t-il.

Par Hajar Kharroubi et Adil Gadrouz
Le 01/04/2023 à 15h44