La méthode n’a pas changé depuis 1975, comme si Boumédiène était toujours au pouvoir. Selon le quotidien Assabah du 7 septembre, dans sa chronique hebdomadaire consacrée aux camps de Tindouf, les populations sahraouies de Lahmada sont et ont toujours été sous contrôle direct de l’armée algérienne, auprès de laquelle les hommes du Polisario jouent un simple rôle de supplétifs plus que zélés.
Ainsi, c’est le Bureau de liaison militaire algérien, sis à Tindouf et connu sous le nom de «secteur», qui délivre toutes les autorisations de sortie et d’entrée dans les divers camps sahraouis. Même les dirigeants du Polisario doivent passer par lui pour obtenir un laisser-passer pour eux-mêmes et leurs familles. A 5 km aux alentours de chaque camp, stationnent en permanence des unités de l’armée algérienne, dont le seul rôle est d’empêcher toute sortie des camps sans autorisation en bonne et due forme signée par le bureau de liaison.
Assabah précise que ces unités algériennes sont permanentes, à tel point que les services de renseignement militaire algériens leur ont installé sur place des épiceries bien garnies, des bars et même des bordels. Tout cela pour leur permettre de bien tenir en respect les populations de Lahmada. D’ailleurs, chacun des cinq camps, qui s'étendent sur 175 km, est entouré d’un haut mur en sable miné et parfois de barbelés, obligeant les voitures qui en sortent à emprunter un couloir menant à une route contrôlée par de nombreux barrages du Polisario et de l’armée algérienne.
A l’intérieur même des camps, la situation est encore plus effrayante. En effet, en plus du contrôle instauré à travers certains dirigeants du Polisario, qui sont d'ailleurs des agents des renseignements des services algériens, d’autres «yeux» dépendant directement du centre Ben Aknoun à Alger (espionnage militaire) sont greffés à l'intérieur des camps. Toute position politique dissonante ou velléité de se libérer du carcan pour retourner au Maroc est rapidement réprimée par l'envoi vers l’un des bagnes du Polisario, quand la personne n'est pas purement et simplement éliminée.
Assabah ajoute que, sous l’ère de la pandémie de coronavirus, cet enfermement implacable s'est renforcé, puisque les rares autorisations délivrées au compte-gouttes ne sont plus de mise. Les commerçants n'arrivent plus à s'approvisionner d'eux-mêmes et les malades doivent rester sur place. Même les étudiants sahraouis inscrits dans les universités algériennes n’ont plus le droit de quitter les camps et ont tous perdu cette année d’études à cause du refus des services algériens de les laisser entrer à Tindouf pour l'obtention du sésame permettant de se rendre… en Algérie, conclut Assabah.