Vidéo. Economie, ouverture, infrastructures, printemps arabe… la singularité du modèle marocain expliquée sur BFMTV

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La singularité du modèle marocain et l'effort de développements accompli par le royaume depuis l’accession au trône du roi Mohammed VI ont été mis en avant lors d’une émission de la chaîne d’information française en continu BFMTV. Les détails en images.

Le 02/02/2020 à 11h32

L’émission "La librairie de l’éco" a invité Abdelmalek Alaoui, spécialiste en communication et président de l’Institut marocain de l’intelligence stratégique, qui a dirigé l’ouvrage collectif "Un chemin marocain", ainsi qu'Alexandre Kateb, maître de conférence à Sciences Po Paris, auteur de l'essai "Les économies arabes en mouvement".

Dans son introduction, Emmanuel Lechypre, animateur de cette émission, a souligné que cette édition, consacrée aux transformations politiques et économiques dans les régions de l’Afrique du Nord et du Moyen Orient, fait un zoom sur le Maroc, pays qui a eu la "trajectoire la plus rectiligne", qui est "resté à l’abri des tourments politiques", et qui était "l’un des premiers pays à entreprendre des réformes économiques libérales".

Si Alexandre Kateb s’est attardé sur les différentes "fractures" que connaît le monde arabe, notamment d’ordre géopolitique, religieux, ethnique et communautaire, ainsi que les enjeux de la région, dont la superficie fait trois fois celle de l’Europe, Abdelmalek Alaoui a, quant à lui, mis en relief les éléments qui font la singularité du Maroc dans son environnement.

L’année 1994 va marquer l’ouverture du Maroc sur le monde, avec la signature à Marrakech des accords du GATT, le démantèlement d’un certain nombre de barrières tarifaires et l’engagement du royaume dans des accords de libre-échange qui ont fait qu’aujourd’hui, le Maroc peut commercer avec 54 pays grâce aux accords de libre-échange qu'il a ratifiés, a expliqué le président de l’Institut marocain de l’intelligence stratégique. Abdelmalek Alaoui a affirmé que cette singularité marocaine s’expliquait par la trajectoire et la stabilité macro-économique et institutionnelle qui permettent au royaume de pouvoir dépasser un certain nombre d’écueils.

Concernant les "printemps arabes", Abdelmalek Alaoui a indiqué que deux raisons expliquent pourquoi le Maroc est resté à l’écart de ces mouvements: il s’agit premièrement des réformes anticipatrices entreprises par le roi Mohammed VI dès le début des années 2000, de la création de l’Instance Equité et Réconciliation, "très importante pour le travail mémoriel sur ce qui s’est passé avant l’avènement au trône du souverain", et puis les grands chantiers lancés. "Toute la première période du règne du roi était de l’investissement public et massif", a-t-il indiqué.

Selon lui, dans le cas du Maroc, il fallait trouver des réponses pragmatiques à des problèmes concrets, et à cet égard, Abdelmalek Alaoui a expliqué que dès 1999, il avait fallu construire un outil productif qui pouvait se déployer sur le monde, que ce soit dans l’industrie ou dans les services.

"Le premier pari du roi était de préparer toutes les infrastructures qui sont en capacité de pouvoir amorcer ce décollage économique", a expliqué Abdelmalek Alaoui, rappelant la récente mise en place d’une commission spéciale, en charge de réfléchir à un nouveau modèle de développement pour le royaume. 

Toutefois, à ses yeux, cette croissance importante qu'a connue le Maroc au cours de ces vingt dernières années a entraîné des "distorsions" sur le plan de la répartition des revenus, et a "accru les inégalités même si le {revenu} médian de tout le monde a augmenté, avec beaucoup de gens qui ont été tirés de la grande pauvreté et que le taux de chômage a été divisé par deux en 20 ans".

"L’approche du souverain en matière économique est une approche extrêmement pragmatique, en essayant d'utiliser la position du Maroc, la géo-économie en utilisant les atouts que nous avons et surtout en essayant de dépasser le fait qu’il n’y a pas d’industries extractives dans le royaume", a également expliqué Abdelmalek Alaoui.

Revenant sur les difficultés du secteur privé à décoller, comme partout dans les pays arabes, Abdelmalek Alaoui a expliqué qu’il s’agissait là d’un déterminant culturel, le secteur privé marocain étant très souvent dépendant de la commande publique. Il a, en ce sens, pointé du doigt l’actionnariat familial et patrimonial des entreprises, qui empêche le développement d'une vraie culture de l'entrepreneuriat et de l’entreprise. A cet égard, Abdelmalek Alaoui estime que le Maroc essaye de trouver les chemins qui permettent de dynamiser le secteur privé, et indique qu’il s’agit là d’un chemin "encore en construction".

Abdelmalek Alaoui s'est en outre attardé sur les défis de développement que le royaume est appelé à relever dans les prochaines années, à leur tête le chantier de l'éducation et l'intégration des jeunes sur le marché du travail, dans un monde de plus en plus complexe, avec notamment l'arrivée de la quatrième révolution industrielle.

Ce spécialiste souligne à cet égard que le Maroc n'est pas confronté à des défis différents de ceux que connaissent d'autres pays.

Concernant les relations du royaume à l’Europe, Abdelmalek Alaoui a indiqué qu’il fallait replacer ses différents aspects à un niveau stratégique, et a estimé qu’un échec au sud de la Méditerranée signifierait une "zone de turbulences inédite en Europe".

Pour Abdelmalek Alaoui, "la question qui se pose aujourd’hui est comment construire cette communauté de destin, parce que l’échec nous est interdit".

Le 02/02/2020 à 11h32