Mais, avant de donner la parole au ministre, nous avons demandé son avis à l’avocat Amam Chakrane, membre du barreau de Rabat et ex-chef du groupe parlementaire de l’USFP à la Chambre des représentants. Ce dernier a d’abord dit regretter la manière qu’a utilisée le ministre pour évoquer publiquement ce sujet.
«Le ministre aurait dû attaquer ce dossier des avocats et du fisc calmement et sans comportement impulsif, car le sujet est beaucoup plus complexe qu’on ne le pense», a insisté Me Amam Chakrane.
Ce dernier a tenu à préciser qu’il ne faut pas généraliser et dire que «tous les avocats ne paient pas leurs impôts. C’est faux!». Il est nécessaire, d’après lui, de trouver «un système de classification et de collecte des impôts en distinguant entre les cabinets d’avocats qui font énormément de gains et les petits bureaux d’avocats qui ont du mal à boucler le mois, mais qui paient le fisc». Il est aussi indispensable de simplifier et d’uniformiser la procédure fiscale, a expliqué Me Chakrane notant que la profession est soumise à plusieurs types d’impôts et de charges: la TVA, l’impôt sur le revenu…
Lire aussi : Abdellatif Ouahbi, un avocat de carrière nommé à la tête du ministère de la Justice
A la question de savoir pourquoi la profession d’avocat reste à la traîne des autres catégories professionnelles par rapport au règlement des impôts, l’avocat a balayé d’un revers de la main cette allégation insistant sur le fait que «seule une infime partie ne s’acquitte de ce devoir», tout simplement parce que la profession est passée ces deux dernières années par des moments difficiles dus au Covid-19. Il a enfin suggéré au ministre de réunir l’Association des barreaux du Maroc pour trouver une solution au problème.
Abdellatif Ouahbi n’a pas attendu la recommandation de cet avocat pour passer à l’acte. «Je réunis ce vendredi soir même (19 novembre 2021) le bureau de l’Association des barreaux du Maroc en présence de son président, Abdelouahed El Ansari, en vue de tracer les axes de ce grand chantier», a affirmé Abdellatif Ouahbi dans une déclaration pour Le360.
Lire aussi : Vidéo. Justice: le projet de Code de procédure pénale fin prêt à être soumis au gouvernement
«C’est de ma responsabilité de soulever la question du fisc ainsi que d’autres sujets entrant dans le cadre de mes attributions et mon principal interlocuteur dans le dossier c’est l’Association des barreaux du Maroc», a insisté Abdellatif Ouahbi, lui-même avocat de profession. «Nous allons dialoguer et je vais être franc et honnête, sachant, a-t-il déclaré, que l’un des devoirs de l’avocat est de dire la vérité».
«Je veux aussi promouvoir la profession et la défendre», a-t-il ajouté. A cet égard, le ministre a annoncé qu’il procèdera à une réforme du système de la profession des avocats notamment en ce qui concerne la formation. «Dès 2023, cette formation sera du ressort de l’Institut supérieur de la magistrature», a conclu Abdellatif Ouahbi.