Un président de commune, "ramédiste", a bénéficié des aides étatiques

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Revue de presseKiosque360. Dans une tentative aussi ridicule que réussie de profiter indûment des aides de l’Etat, un président de commune s’est inscrit comme éligible à ce soutien financier. Le pire, c’est que ça a marché.

Le 26/06/2020 à 14h25

Il est de ces basses manoeuvres qui poussent à la furie. Et celle d’un président de commune à Midelt en est bel et bien une. Si les aides financières directes octroyées par l’Etat visaient les couches les plus fragiles et les plus démunies de notre société, elles auront également profité à certaines personnes se trouvant loin, bien loin, du besoin.

Ce fut le cas pour le président de commune précité dont le nom a figuré sur les registres des personnes adhérant au régime d’assistance médicale Ramed, soit les couches se trouvant dans le besoin, et qui ont bénéficié de ces aides. Il a donc tiré profit de ce dispositif d’aide tout au long de sa mise en place.

C’est le quotidien Al Akhbar qui relaye cette information dans son édition du vendredi 26 juin, révélant que ce sont des acteurs associatifs qui ont fait éclater le scandale. Certains sont allés jusqu’à organiser des sit-in de protestation contre le président-fraudeur.

Mieux, les responsables de la distribution de ces aides ont découvert que nombre d’autres élus ont tenté la même manoeuvre, en s’inscrivant au nom de personnes fictives ou en se faisant les porte-paroles de personnes dans le besoin auxquels ils devaient remettre ces aides. C’était peine perdue vu que ces aides sont directes, avec la présence des concernés, et que les noms des personnes ne s’étant pas déclarées sont supprimés 15 jours après la souscription.

Pendant ce temps, les vrais destinataires de ces aides n’en ont pas tous profité. Près de 60% des ménages ayant un membre qui a perdu son emploi suite à la pandémie de Covid-19 ont eu des difficultés d'accès aux aides publiques, selon le Haut-commissariat au Plan (HCP). "59% d’entre eux affirment qu’ils sont enregistrés, mais non encore bénéficiaires, 54,5% en milieu urbain et 68% en milieu rural", précise le HCP qui vient de publier une enquête sur l’impact du coronavirus sur la situation économique, sociale et psychologique des ménages.

Rapportés à l’ensemble des ménages marocains, ces pourcentages s’élèvent à 21% à l’échelle nationale, 19% en milieu urbain et 26% en milieu rural, souligne l’enquête, notant que les autres raisons se déclinent comme suit: 7% n’ont pas encore formulé leur demande au moment de l’enquête, mais comptent le faire, 11% ne sont pas affiliés à la CNSS, 9% ne sont pas adhérents au RAMED et 3% estiment qu’ils n’ont pas besoin de l’aide.

En plus des aides pour compenser la perte d’emploi, le HCP fait savoir que les ménages ont aussi reçu des transferts de l’État comme soutien en cette période de confinement.

Par Maya Zidoune
Le 26/06/2020 à 14h25