«C’est Driss Jettou qui m’avait annoncé la nouvelle de ma nomination en tant que ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement», se rappelle Nabil Benabdallah. «J’étais informé deux ou trois jours auparavant, a-t-il ajouté, car il y avait des contacts avec la direction du parti et le sujet a fait l’objet de discussions au sein du Bureau politique».
Au début, le parti s’est vu proposer un seul portefeuille ministériel, celui de la Communication. Après insistance, le PPS est parvenu à obtenir un deuxième portefeuille, suite à la reconduction de Omar Fassi au poste de ministre délégué chargé de la Recherche scientifique.
Aussitôt après sa nomination, Benabdallah s’est attelé à asseoir une vision qui couvre tous les domaines d’intervention du ministère de la Communication: audiovisuel, presse écrite, cinéma, rôle du porte-parole du gouvernement, etc.
La libéralisation du champ audiovisuel a été l’un des principaux chantiers menés par l’actuel SG du PPS. «Sans l’appui du Souverain, il m’était difficile de réussir dans cette mission», reconnaît Benabdallah, qui affirme avoir travaillé en parallèle sur ce dossier avec le conseiller royal Fouad Ali El Hima qui, confie-t-il, suivait de près ce dossier.
La libéralisation des ondes demandait de l’audace. Si Driss Jettou a été d’un grand soutien à cette orientation, poursuit Benabdallah, d’autres voix conservatrices exprimaient leurs craintes concernant l’avenir du paysage médiatique, qui était jusqu’alors fortement centralisé, relevant du domaine exclusif de l’Etat et placé sous le contrôle du ministère de l’Information.
Dix-sept ans après le lancement des radios privées au Maroc, Benabdallah estime que l’expérience a été une réussite. «Les cas nécessitant l’intervention de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) sont rares. Je pense que nous avons enrichi le paysage médiatique et nous aurions pu aller plus loin avec les radios communautaires», a-t-il noté.
Le Maroc a connu jusqu’ici deux grandes vagues de licences radiophoniques, en 2006 et 2009, donnant naissance à une vingtaine d’offres. Y a-t-il de place pour de nouvelles radios au Maroc? «S’il s’agit d’un élargissement maîtrisé pour accueillir de nouvelles radios spécialisées ou à vocation régionale, cela peut être intéressant. Cela pourrait ouvrir de nouveaux espaces économiques propices au développement du marché publicitaire», répond-il.
En revanche, Benabdallah déplore l’échec de la tentative de la libéralisation du paysage télévisuel, sachant que pas moins de 7 candidatures, émanant de grands groupes à capitaux marocains et étrangers, ont répondu à un appel à manifestations d’intérêt pour le lancement de chaînes de télévision privées.
Pour l’ancien ministre, l’ouverture du champ audiovisuel aux chaînes privées serait de nature à créer une émulation positive avec les chaînes du pôle public qui, ainsi, éviterait de s’endormir sur lauriers. Ce dernier serait «contraint d’améliorer sa politique de production, d’information, ses programmes culturels et de divertissement, ce qui devrait pousser à développer une vraie industrie audiovisuelle marocaine».
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Interrogé sur le projet de fusion des chaînes du pôle public sous la bannière d’une seule et unique holding, Benabdallah souligne que «l’idée existait dans la première offre que j’ai présentée au début de mon mandat, laquelle a été approuvée par le Souverain».
Et d’ajouter: «Si on veut défendre les fondamentaux de l’État et sa politique d’information, nous devons avoir un pôle public fort et diversifié. Dès qu’on aura pu garantir à ce dernier la pérennité nécessaire, on pourra alors ouvrir la porte au secteur privé».
Sur ce dossier, déplore Benabdallah, «la seule concrétisation enregistrée réside dans le fait que les chaînes du pôle public ont le même PDG. Alors que l’idée de départ consistait à générer des économies d’échelle en regroupant le maximum de services administratifs, financiers, la production ou encore les modes de diffusion».