Figure emblématique de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), longtemps chef du groupe parlementaire du parti de la Rose, Fathallah Oualalou aura marqué de son empreinte le ministère des Finances, de mars 1998 à septembre 2007.
À l’arrivée du gouvernement de l’alternance, la situation économique du Maroc était sans doute inquiétante, reconnaît l’ancien argentier du royaume, rappelant le discours de feu Hassan II devant le Parlement en 1995, dans lequel le défunt roi a évoqué le risque de «crise cardiaque» pour l’économie marocaine, après la sortie d’un rapport alarmant de la Banque mondiale.
«Le Maroc venait de sortir de la phase du Programme d’ajustement structurel (PAS, NDLR), alors que la dette extérieure publique avait atteint des niveaux très élevés. Ajoutez à cela le faible taux de croissance économique et la situation difficile des Établissements et entreprises publics (EEP), dont des banques publiques», note Oualalou.
Interrogé sur les privatisations des entreprises publiques, dont le rythme s’était accéléré sous son mandat, Oualalou assure que ces opérations s’inscrivaient dans le cadre d’un vaste chantier de réformes de nature politique, institutionnelle, économique et sociale. Le gouvernement Youssoufi, dit-il, avait accordé un intérêt particulier aux entreprises publiques pour des considérations purement économiques ou techniques, et surtout pas idéologiques. «Le but était simplement d’améliorer l’efficacité de ces entreprises», a-t-il ajouté.
Pour Oualalou, plus qu’une décision politique, la privatisation était une décision souveraine qui a permis de préserver et renforcer le pouvoir de négociation du Maroc vis-à-vis de l’extérieur.
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L’ancien ministre rejette au passage les critiques qui considèrent que le recours à la privatisation serait antinomique avec les convictions socialistes de l’USFP. «Nous n’étions pas les seuls à choisir cette voie. L’ancien président du gouvernement socialiste espagnol, Felipe González, ainsi que Lionel Jospin, ancien premier ministre socialiste français, avaient eux aussi opté pour le choix des privatisations. Et là non plus, ce n’était pas pour des motivations financières ou idéologiques, mais pour des considérations liées à l’intérêt national», a-t-il expliqué.
Et d’ajouter: «Le concept du socialisme doit être enrichi. Le socialisme consiste à créer des occasions collectives au service du pays. Dans ce cadre, la privatisation a pu servir au pays en termes d’emplois, de recettes fiscales et de contribution au PIB».
Oualalou confie n’avoir jamais été animé par des considérations idéologiques figées, y compris lorsqu’il était dans les rangs de l’opposition. «Ce n’est pas la propriété privée ou publique qui importe, mais plutôt de savoir si l’institution en question était au service du développement économique et social du pays».
Le moment est-il propice pour lancer une nouvelle génération de privatisations? Pour Oualalou, «l’idée de réforme doit être toujours présente. Nous devons continuellement penser au renouvellement. Il serait intéressant d’entrer dans une nouvelle étape d’adaptation aux nouvelles mutations, surtout celles d’ordre technologique. Nous devons être pragmatiques et surtout pas idéologiques. La privatisation n’est pas une fin en soi. C’est simplement une voie de réforme parmi d’autres», soutient-il.