Le mardi 21 mars au soir, dans des déclarations faites à la chaîne Al Jazeera, et consacrées aux relations de son pays avec ceux de son voisinage méditerranéen, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a, cette fois-ci, définitivement fermé la porte à un éventuel retour à la normale des relations maroco-algériennes. Selon lui, ces relations ont «atteint un point de non-retour». Bien évidemment, il n’a à aucun moment expliqué les raisons de la dégradation des rapports entre les deux voisins maghrébins, allant même jusqu’à laisser vaguement entendre que c’est le Maroc qui est le responsable de cette situation.
Tebboune a ainsi placé l’Algérie dans la posture de la victime, en déclarant qu’elle n’a fait que «réagir» ou «riposter», sans préciser quels actes (inexistants) ont entraîné ladite réaction de son pays. Ah oui, sans doute les feux de forêt! Tebboune a aussi affirmé qu’il «regrette que les relations entre deux pays voisins en arrivent à ce stade». Après avoir évoqué une dizaine de fois des médiations fictives que Tebboune ou son chef de la diplomatie défroqué, Lamamra, s’empressaient de démentir, voici donc venu le temps des regrets. Est-ce parce qu’il s’adressait à une télévision bénéficiant d’une large audience dans le monde arabe que le président algérien a parlé de voisinage et de regret? En tout état de cause, cette tentative d’adoucissement d’une hostilité maladive du régime d’Alger à l’égard des Marocains ne trompe personne dans le monde arabe.
Sans parler de l’accueil, indigne d’un État et des valeurs de l’islam, réservé à Nasser Bourita lors du sommet de la Ligue arabe à Alger, la censure des résultats des Lions de l’Atlas lors du Mondial du Qatar a choqué les populations arabes et permis à des dizaines de millions de personnes de prendre la mesure de la haine que voue la junte algérienne au Royaume du Maroc.
L’hostilité résolue de l’appareil politico-militaire à l’intégrité territoriale du Maroc a même déteint sur d’autres pays du voisinage. C’est ainsi que les relations algéro-espagnoles se sont dégradées à leur tour, et ce depuis que Madrid a décidé souverainement de considérer que le plan marocain d’autonomie au Sahara est la seule issue crédible pour le règlement définitif de ce conflit factice.
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À ce sujet, Tebboune a accusé le gouvernement de Pedro Sanchez d’avoir «pris unilatéralement une décision qui constitue un parti pris dans le dossier du Sahara», à travers ce qu’il qualifie de «comportements secrets qui ne l’exemptent pas de sa responsabilité».
En fait, l’Espagne étant l’ancienne puissance colonisatrice au Sahara, que sa décision aille vers le soutien de la marocanité du Sahara a été un coup dur pour les thèses algériennes faisant croire que les provinces du Sud marocain attendent toujours une prétendue «décolonisation».
Malgré le rappel de son ambassadeur à Madrid, qui n’est plus à son poste depuis une année, l’Algérie, craignant des sanctions européennes et parce qu’elle n’a surtout pas d’alternative à l’exportation de son gaz vers la péninsule ibérique, a maintenu l’approvisionnement de l’Espagne en gaz naturel.
Pour ce qui est de la France, Tebboune, bien qu’ayant reconnu de sérieuses «perturbations» dans les relations bilatérales, a néanmoins annoncé que l’ambassadeur algérien à Paris rejoindra son poste «dans les prochains jours», après un mois de rappel suite à l’affaire de la journaliste franco-algérienne Amira Bouraoui, rapatriée vers la France depuis la Tunisie. Compte tenu de l’hystérie de la réaction algérienne, suite à ce que le régime a qualifié «d’exfiltration» et aux insultes contre les «barbouzes» françaises, on peut légitimement se demander ce qu’a obtenu le régime algérien de la France pour renvoyer son ambassadeur à Paris. Des excuses? Des regrets? Le renvoi d’Amira Bouraoui vers l’Algérie? Rien de tel.
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Visiblement, les Français connaissent suffisamment les gérontes au pouvoir en Algérie pour les laisser éructer une semaine avant de normaliser de nouveau les relations. L’épisode Bouraoui est similaire à un autre, où Tebboune avait rappelé son ancien ambassadeur en France quand le président Macron a douté de l’existence d’une nation algérienne avant la colonisation française. Là encore, tout ce qu’a obtenu le régime algérien, c’est un bras d’honneur. Au contraire, avec l’Italie, le président algérien a quasiment décrit une idylle entre les deux pays où «l’électricité, le gaz et l’hydrogène» vont couler à flots, via la Botte, vers l’Europe selon lui. Qui vivra verra.
Revenant à ses déclarations médiatiques du mois dernier sur le conflit russo-ukrainien, le président algérien a affirmé à nouveau que son pays «est habilité à jouer un rôle de médiation» dans cette crise, ajoutant: «Nous sommes un des rares pays à jouir d’une crédibilité suffisante pour ce faire». Ce sera apparemment là l’un des objectifs de sa visite en Russie, qu’il dit «maintenue» pour mai prochain. Une visite à haut risque pour Tebboune depuis que la Cour pénale internationale a émis un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine pour des crimes de guerre.