Le conflit du Sahara, c’est déjà de l’histoire ancienne et le Maroc a définitivement remporté la partie. C’est la conclusion, nette et sans bavures, à laquelle aboutit le prestigieux think tank United States Institute of Peace (USIP), une institution fédérale créée par le Congress et spécialisée dans l’analyse et le règlement des conflits dans le monde. Indépendante et non partisane, l’influente institution est à l’œuvre depuis 35 ans pour accroître la capacité de Washington à prévenir, atténuer et aider à résoudre les conflits internationaux sans violence.
Dans une analyse publiée le mercredi 14 août dernier et portant la signature du chercheur Thomas M. Hill, son directeur des programmes pour l’Afrique du Nord, l’USIP est catégorique: «L’une des guerres les plus longues d’Afrique a pris fin en juillet», et ceci «lorsque la France a reconnu la revendication de souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental».
Le think tank y voit l’aboutissement d’un long cycle de reconnaissances et d’appuis émanant de la communauté internationale. Un processus qui s’est accéléré depuis la proclamation américaine de 2020.
Cette année, le président Trump avait proclamé la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur l’ensemble du Sahara occidental, rappelle l’USIP. Ce changement de cap américain a soutenu la proposition marocaine d’autonomie du Sahara occidental comme la seule base pour une solution juste et durable au conflit, précise l’auteur de l’analyse.
«À l’époque, de nombreux partisans de l’indépendance sahraouie, dont l’Algérie, considéraient la proclamation de Trump comme un tournant dommageable, mais peu concluant. Cependant, 37 nations ont depuis suivi l’exemple américain», lit-on.
«Game over»
Parmi elles, des pays de l’Union européenne, notamment l’Allemagne et, surtout, l’Espagne, ancienne puissance coloniale au Sahara. «La plupart des États de la Ligue arabe et de nombreux États de l’Union africaine se sont également alignés. Des États influents comme la Chine, la Russie, la Turquie, la Grande-Bretagne et l’Italie restent officiellement neutres, mais pour combien de temps?», lit-on encore.
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En cela, la reconnaissance de la France est décisive, écrit Thomas M. Hill. En tant que puissance coloniale la plus récente du Maghreb, la France est sans doute l’acteur étranger le plus influent de la région. Paris voit ainsi clairement son avenir économique lié au Maroc (et non à l’Algérie). Sa décision reflète et renforce un consensus international croissant en faveur des revendications de souveraineté du Maroc.
À l’arrivée, la dynamique internationale est entièrement du côté du Maroc. «Dans un avenir pas si lointain, le conflit autour du territoire du Sahara occidental sera effectivement terminé, seule une poignée d’États continuant de plaider en faveur de l’indépendance sahraouie», note l’USIP.
S’ajoute à cela la réalité sur le terrain, soit le contrôle de facto dont jouit le Maroc sur son Sahara et l’avantage militaire qualitatif du Maroc sur le Polisario. «Alors que les Nations unies n’ont fait aucun progrès réel vers un règlement pacifique, le Maroc contrôle plus des trois quarts du territoire, qu’il continue de développer, intégrant de plus en plus la terre et ses habitants dans l’État marocain», constate le think tank.
Négocier et/ou périr
Que reste-t-il donc à faire pour la milice armée et son parrain, l’Algérie? Négocier. «Leur meilleure option, et celle de leur bailleur de fonds, l’Algérie, est maintenant de saisir l’opportunité de négocier les meilleures conditions de paix possibles avec le Maroc. Mettre fin à une guerre qui maintient tant de personnes apatrides et vivant dans la misère, tout en éliminant un source majeure de conflit pour les relations maroco-algériennes, améliorera la stabilité régionale».
Pour la gestion de l’après, le plan d’autonomie du Maroc de 2007 est on ne peut plus clair. Il octroie aux populations sahraouies la pleine capacité de «gérer leurs affaires démocratiquement, par le biais d’organes législatifs, exécutifs et judiciaires jouissant de pouvoirs exclusifs». Le plan promet également «la pleine intégration, dans le tissu national, des personnes à rapatrier» des camps de Tindouf en Algérie. Il propose aussi une amnistie générale excluant toute poursuite judiciaire, arrestation, détention, emprisonnement ou intimidation de quelque nature que ce soit, sur la base des faits couverts par cette amnistie.
Guerres intestines en vue
Mais au sein du Polisario et en Algérie, l’imbroglio et les guerres intestines sur fond d’intérêts personnels risquent d’être les maîtres mots dans la phase à venir. Pour l’USIP, le Polisario chercherait probablement à obtenir des compensations matérielles, engageant les Nations unies et les États membres, en échange de son renoncement. Comme il pourrait vouloir obtenir davantage s’agissant de la proposition d’autonomie (plus de sièges au Parlement marocain ou au gouvernement).
«Pour que les dirigeants du Polisario renoncent formellement à l’indépendance et empêchent un putsch, ils doivent pouvoir revendiquer une victoire autrement définie», suppose l’USIP. Propagande et slogans creux mis de côté, l’acceptation par le Polisario de l’autonomie marocaine fournirait à l’Algérie la couverture nécessaire pour accepter également la souveraineté marocaine.
«En privé, l’Algérie découragerait probablement le Polisario d’accepter l’autonomie sans obtenir également du Maroc des concessions qui profitent directement à Alger», pointe l’analyse. Une chose est sûre: la «voie de sortie» n’est toujours pas évidente et «accepter cette réalité est une pilule amère à avaler, mais continuer à nier cette réalité ne fait que garantir un règlement final moins favorable... Agir autrement équivaudrait à nier que l’un des conflits les plus anciens d’Afrique touche enfin à sa conclusion», conclut le document de l’USIP. Avec ou sans le Polisario ni son tuteur.