Prélude à l’examen et au vote de la prochaine résolution du Conseil de sécurité, le rapport du Secrétaire général de l’ONU sur le Sahara ne se démarque que peu de ses précédents. Antonio Guterres y souligne le soutien croissant de la communauté internationale quant au plan d’autonomie sous souveraineté du Maroc, rappelle à plusieurs occasions le rôle d’acteur principal de l’Algérie dans ce conflit ainsi que les tensions militaires provoquées par le Polisario et les obstructions que la milice séparatiste oppose à la MINURSO. En voici les points saillants:
Soutien britannique et la main tendue du Roi à l’Algérie
Le Secrétaire général de l’ONU souligne le communiqué conjoint publié le 1er juin 2025 par le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord et le Maroc, dans lequel le Royaume-Uni a déclaré considérer le plan d’autonomie marocain comme «la base la plus crédible, viable et pragmatique pour une résolution durable du différend» et a exprimé sa volonté «d’apporter son soutien actif et son engagement à l’Envoyé personnel et aux parties» afin de parvenir à une solution. Là encore, la réaction algérienne, qui «déplore» cette décision alors qu’elle se revendique uniquement «observateur» et «voisin inquiet» est mise en lumière.
Antonio Guterres rappelle également que dans son discours du Trône du 29 juillet, le roi Mohammed VI a fait le vœu d’une «solution sans vainqueur ni vaincu, une solution permettant à toutes les parties de sauver la face», insistant sur le fait que le discours royal a exprimé la disposition du Maroc à aborder la relation avec l’Algérie dans le cadre d’un «dialogue franc, responsable, fraternel et sincère». Une main tendue à laquelle l’Algérie n’a pas répondu.
«Les États voisins ont un rôle crucial à jouer dans la recherche d’une solution à la question du Sahara occidental, laquelle contribuerait également à renforcer leurs perspectives de sécurité et de développement. Je regrette qu’aucune amélioration concrète n’ait été constatée dans les relations entre l’Algérie et le Maroc, et j’encourage ces deux pays à redoubler d’efforts en faveur de la coopération régionale», écrit Guterres. Ce n’est pas faute d’essayer du côté du Maroc.
L’Algérie plus que jamais épinglée
Citée pas moins de 17 fois, l’Algérie est plus que jamais présentée comme un acteur principal du conflit. «Le ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines de l’Algérie, Ahmed Attaf, a continué de soutenir les positions exprimées par le Front Polisario, tout en soulignant que son pays ne se considérait pas comme partie au conflit», relève le S.G de l’ONU. Le rapport de Guterres décrit comment la «très neutre» Algérie ne manque aucune occasion pour influer sur l’évolution du dossier, critiquant le Royaume-Uni, prenant les devants vis-à-vis de la MINURSO pour s’exprimer au nom du Polisario et en maintenant les camps de Tindouf sous perfusion au travers d’une «généreuse assistance» pour attiser le conflit.
Polisario: mépris du cessez-le-feu et de la MINURSO
«Près de cinq années se sont écoulées depuis la reprise des hostilités, qui continue de faire peser un risque croissant d’escalade et de nuire à la stabilité et à la prospérité de l’ensemble de la région du Maghreb», constate Guterres. Le numéro 1 de l’ONU se dit préoccupé «par la multiplication des incidents survenant dans ou à proximité de zones et d’activités civiles, ainsi que dans l’immédiate proximité des locaux de la MINURSO ou dans les zones où la Mission mène ses opérations». Le mérite en revient largement au front séparatiste. Le document relate que la MINURSO a continué de recevoir des rapports faisant état de tirs du Front Polisario en direction d’unités des Forces armées royales. «La majorité des tirs vérifiés par la MINURSO ont atterri dans des zones isolées sans causer de dégâts significatifs», lit-on.
Le rapport rappelle également que le 9 novembre 2024, «un incident de tir s’est produit dans la ville de Mahbas, à proximité d’une zone où se déroulaient des commémorations civiles du 49ème anniversaire de la Marche verte. Aucun blessé n’a été signalé». Le 27 juin, quatre explosions de tirs de roquettes se sont produites à proximité du site d’équipe de la MINURSO à Es-Semara. L’une d’elles a eu lieu à environ 200 mètres du site. Bien qu’aucun blessé n’ait été signalé, il s’agissait de l’incident le plus proche d’une installation de la MINURSO depuis la reprise des hostilités en 2020, rappelle le document. La MINURSO a déterminé que quatre roquettes explosives de 122 mm avaient été tirées depuis une zone située à environ 40 kilomètres à l’est du mur.
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Le Front Polisario n’a pas autorisé la MINURSO à enquêter sur ces incidents. «Le commandant de la Force de la MINURSO n’a toujours pas pu établir de contact direct avec la direction militaire du Front Polisario, toutes les communications continuant à se faire par correspondance écrite», lit-on encore. Guterres exige que le Front Polisario lève toutes les restrictions restantes imposées à la MINURSO à l’est du mur, notamment celles concernant les vols de reconnaissance en hélicoptère, et à reprendre des contacts réguliers et directs avec la direction civile et militaire de la Mission à Rabouni, conformément aux pratiques établies auparavant.
Le 2ème passage terrestre entre le Maroc et la Mauritanie acté
Entre janvier et mars 2025, la MINURSO a observé que le Maroc avait achevé la construction d’une route, non encore ouverte officiellement, d’environ 93 kilomètres de long, reliant la ville d’Es-Semara à la Mauritanie en traversant le mur, indique le rapport. Cette route constituerait un deuxième point de passage entre le territoire et la Mauritanie, en plus de celui de Guerguerat. Lors d’une réunion avec le commandant de la Force de la MINURSO à Agadir le 19 février, le commandant de la zone sud des FAR a précisé que cette route était destinée à un usage civil et n’avait aucun lien avec les opérations militaires.
Maintien de la MINURSO?
Pour le secrétaire général de l’ONU, et par sa présence sur le terrain, ses activités de surveillance, d’enquête et de liaison avec les parties, la Mission joue un rôle essentiel dans la prévention de toute escalade supplémentaire et du risque de débordement régional. Pour lui, elle constitue la principale, et souvent la seule, source d’information et d’analyse impartiale à l’attention du Secrétaire général, du Conseil de sécurité, des États membres et du Secrétariat concernant la situation dans et autour du Territoire. «Il est donc crucial que la MINURSO poursuive ses activités et reste pleinement financée par les États membres, conformément aux ressources approuvées par l’Assemblée générale. Je recommande en conséquence que le Conseil prolonge le mandat de la MINURSO pour une nouvelle période d’un an, jusqu’au 31 octobre 2026», préconise Guterres. Mais la Mission manque de moyens. L’Assemblée générale, par sa résolution 79/310 du 30 juin 2025, a alloué un montant de 70,7 millions de dollars pour le maintien de la Mission pour la période du 1er juillet 2025 au 30 juin 2026. Au 20 août 2025, les contributions évaluées impayées au compte spécial de la MINURSO s’élevaient à 64,9 millions de dollars. C’est dire.












