Ruée des Algériens vers la Tunisie après l’ouverture des frontières terrestres

Dès l'ouverture des frontières algéro-tunisiennes, le vendredi 15 juillet 2022, les Algériens ont pris d'assaut les villes tunisiennes.

Dès l'ouverture des frontières algéro-tunisiennes, le vendredi 15 juillet 2022, les Algériens ont pris d'assaut les villes tunisiennes. . DR

Après plus de deux années de fermeture, la frontière terrestre algéro-tunisienne a été ouverte à la circulation des personnes, le vendredi 15 juillet dernier à minuit. Le rush des Algériens a déjà commencé, et ils donnent même ce net sentiment de s’évader d’une immense prison.

Le 18/07/2022 à 12h00

Les Algériens peuvent dire merci à Kaïs Saïed, le président tunisien. En acceptant, le 5 juillet dernier, de faire partie des très rares invités étrangers ayant assisté à la célébration du 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, il a, en contrepartie, réussi à arracher l’ouverture des frontières terrestres entre son pays et son voisin de l’ouest, fermées depuis mars 2020 suite au déclenchement de la pandémie de Covid-19.

Cette ouverture des frontières est à la fois une bouffée d’oxygène pour l’économie tunisienne, très mal en point, mais surtout un vrai vent de liberté et la grande évasion pour les Algériens, pour lesquels la Tunisie est, sur six pays limitrophes, l'unique destination dont les frontières sont la seule porte de sortie de l’Algérie.

Dès les premières heures du vendredi 15 juillet dernier, les neuf passages frontaliers qui relient les deux pays ont été pris d’assaut par des vagues impressionnantes de touristes algériens. Selon les estimations, plus d’un million d’Algériens seraient attendus en Tunisie d’ici le reste de l’actuelle période estivale. Mais le pic des entrées de touristes algériens est attendu pour la semaine prochaine, avec la fin de deuxième session des examens du baccalauréat et du brevet des collèges.

Pour rappel, entre 2 à 3 millions d’Algériens avaient l’habitude, avant 2020, de visiter la Tunisie, dont quelque 250.000 touristes médicaux qui se soignent annuellement dans les cliniques tunisiennes.

Déjà, des médias algériens ont critiqué cette ruée de touristes locaux vers la Tunisie, car celle-ci renvoie l’image d’une Algérie que ses citoyens cherchent à fuir, et que certains n'hésitent pas à la comparer à une grande prison. Des médias imputent même la responsabilité de cette impressionnante ruée des Algériens vers la Tunisie voisine aux échecs de prétendues politiques menées par Alger afin d'encourager le tourisme local, dans un pays où tout reste à faire aujourd'hui encore en termes d’infrastructures dédiées.

D’ailleurs, les autorités algériennes, qui prétendent faciliter le transit des passagers entre les deux pays voisins, cherchent en réalité à le freiner. En effet, à la sortie de leur pays, les touristes algériens sont par exemple soumis à des contrôles draconiens. Ils doivent non seulement obligatoirement détenir une autorisation pour faire sortir leur provision (plafonnée) en devises, mais plus encore, des tests PCR de moins de 72 heures sont exigés par la police algérienne des frontières pour l'ensemble de ceux qui entrent en Tunisie.

Ces mesures contrastent avec celles des autorités tunisiennes, qui veillent, elles, à ce qu’aucun obstacle ne vienne entraver l’arrivée des touristes algériens. L’hospitalité tunisienne ne laisse pas les Algériens indifférents, quand on sait qu’ils sont confrontés à des privations de toutes sortes dans leur pays, et que leurs concitoyens à l’étranger sont laissés en rade dans les ports et les aéroports étrangers par les compagnies algériennes de transport aérien et maritime.

La ruée des Algériens vers la Tunisie renvoie en fait, tel un effet miroir, le véritable résultat des politiques menées par le régime algérien. On ose à peine imaginer la grande évasion que ce serait si les frontières terrestres avec le Maroc en venaient à être ouvertes.

Par Mohammed Ould Boah
Le 18/07/2022 à 12h00